Dans l'Allemagne de la fin des années 60 la jeunesse s'émancipe et se rebelle pendant que la génération de leurs parents se raccroche comme elle peut à des valeurs et un mode de vie bientôt dépassés. C'est ce que vivent Ruby (Rosemarie) et Martin, un jeune couple plein de rêves de musique et de liberté que leurs parents, ceux de la jeune fille en particulier, voient d'un mauvais oeil.
Après une tentative de fugue ratée, les deux adolescents sont placés par leurs familles dans deux de ces centres de réinsertion pour mineurs qui sont encore légion en Allemagne à cette époque. Sous la tutelle de l'église, ces centres relèvent plus de centres de détention et de rééducation morale où les jeunes subissent humiliations et travaux forcés.
Le film de Christian Frosch n'est pas le seul à traiter de ces centres de détention, dont l'existence a persisté en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays d'Europe, du 19e siècle jusqu'au milieu des années 70 (voir aussi Freistatt, projeté dans le cadre du Festival Augenblick également). D'une manière générale, il semblerait que les réalisateurs allemands, après s'être penchés sur la guerre et le nazisme, s'intéressent maintenant à l'après et à la reconstruction. Ce n'est certainement pas un hasard si nombre des productions allemandes de ces dernières années se situent dans les années 60. Le signe probablement, d'une transition vers une nouvelle génération de réalisateurs, nés après-guerre.
De ce point de vue-là, le film de Chirstian Frosh est vraiment intéressant. La première partie notamment, qui traite le choc générationnel entre parents et adolescents est particulièrement parlante. La suite, dans les centres de redressement constitue un témoignage essentiel pour de nombreuses victimes qui n'ont à ce jour toujours pas été reconnues en tant que telles. L'épilogue en revanche, manque un peu de consistance et aurait mérité d'aller un peu plus loin que la simple évocation par sous-entendus des liens qui ont pu se faire entre les enfants sortis des centres et la mouvance d'extrême gauche et notamment la filière terroriste de la RAF.
Cinématographiquement parlant, le film de Christian Frosch est tourné dans un noir et blanc lumineux et certaines scènes sont tout bonnement fabuleuses, comme celle du Diner où les amoureux vont se réfugier et danser. Globalement les 2 premiers tiers du film sont une vraie réussite tant visuelle que narrative. Malheureusement tout se délite un peu dans le dernier tiers, qui se perd dans un format épilogue un peu convenu, où l'on passe du noir et blanc à la couleur au rythme de (trop) nombreux flash-backs.
Von jetzt an kein Zurück est en tous les cas un film à voir, pour le sujet dont il traite avant tout, et pour les deux jeunes acteurs qui sont particulièrement touchants.
★★☆☆☆
Von jetzt an kein Zurück, Christian Frosch (pas de date de sortie France)
Avec Victoria Schulz, Anton Spieker - allemagne - 1h48
Synopsis
Allemagne,
1968. Ruby et Martin sont jeunes, ne veulent que s’aimer et poursuivre
leurs rêves. Une seule issue face à la rigueur ou l’incompréhension de
leurs familles, fuguer ensemble vers Berlin. Mais ils échouent et le
prix à payer est cher : Ruby est placée dans un couvent et Martin se
retrouve dans le prétendu centre éducatif de Freistatt, soumis aux
travaux forcés. Que peuvent-ils endurer pour leur amour ?
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