Interstellar devait être l'un des grands films de cette année, attendu comme le messie cinématographique par de nombreux fans de Christopher Nolan, moi incluse. J'avais espoir qu'il détrône Mommy sur mon podium personnel ; il n'en fut rien. Le dernier-né de Nolan, après un Dark Knight Rises déjà un peu balourd, m'a laissé un goût d'inachevé, de potentiel inexploité. Déception.
Alors certes le sujet est grandiose, la fresque temporelle particulièrement réussie et Matthew McConaughey est excellent en père courage prêt à se sacrifier pour sauver ses enfants. Le film regorge de scènes vraiment fabuleuses, de la course au drone dans les champs aux messages videos en guise de marqueurs temporels. Mais tout ça n'est finalement qu'une version de plus des obsessions Nolaniennes qui commencent à être usées jusqu'à la corde.
Tout ici est prévisible pour qui est familier de sa filmographie. Quelle frustration !
Du héros sacrificiel, englué dans ses regrets et ses doutes, au récit imbriqué qui se joue du temps et jusqu'aux rapports familiaux qui sont au cœur des tiraillements du héros, tout y est : on est en territoire connu, exit les surprises.
On pourrait certes arguer qu'il n'est pas nécessairement besoin de surprises pour faire un bon film, à l'image d'un Woody Allen qui joue le même accord depuis des décennies, et on n'aurait pas tort. Seulement avec un scénario comme celui-ci, qui repose à l'évidence sur ses retournements, ses rebondissements et effets de manche du scénario, c'est quand même un peu dommage que le spectateur ait en permanence une longueur d'avance sur les personnages...
Malgré tout, la trame convenue ne plombe pas du tout le récit, même si l'on a l'impression d'avoir déjà vu mille fois ces histoires de dimensions, de communication temporelle, de relativité de l'espace-temps, de père absent et d'humanité agonisante. Et même si tout est cousu d'un fil blanc si épais qu'il pourrait soutenir un pont, les 2h50 défilent sans une seconde d'ennui car il faut bien admettre que Nolan maîtrise son récit comme toujours au millimètre. Il puise donc habilement dans différents types de schémas, entremêlant plusieurs films en un seul de manière efficace et, cerise sur le gâteau, sans s'éparpiller. Il connait son boulot, le bougre ! Et le spectateur frétille d'enthousiasme devant plusieurs scènes assez fabuleuses, notamment celle des raz-de-marée ou des paysages de glaces.
Car Nolan reste un grand réalisateur, englué dans ses obsessions comme bien d'autres, et il aurait bien pu signer ici le chef-d’œuvre après lequel il court depuis plusieurs films, s'il n'avait pas gâché le potentiel énorme de cette fresque colossale et grandiose, avec la petitesse d'un récit pourvu de gros sabots trop sonores (et je ne parle même pas de la musique de Zimmer, quintessence de tout ce qui ne va pas dans ce film : surexplicative et grossière) et de redondances creuses.
Car malgré tout son talent, la première chose qui m'est venue à l'esprit en sortant de la salle c'est "tout ça pour ça?!"
★★★☆☆
Interstellar, Christopher Nolan (sortie le 5 novembre 2014)
Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain, Casey Affleck, Mackenzie Foy, John Lithgow - USA - 2h49
Synopsis
Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui
utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de
repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances
astronomiques dans un voyage interstellaire.
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