Je ne m'étais pas trop documentée sur Serena avant la séance, la présence de
Susanne Bier au générique ayant suffit à motiver ma présence dans la salle. D'ordinaire très subtile dans ses analyses de la famille et de thèmes tels que la vengeance ou la justice, je m'attendais à un portrait de colons (USA, années 20) sous un angle intéressant.
Or Serena pour commencer, raconte l'histoire non de la femme dont il porte le nom, mais de son époux George, incarné par Bradley Cooper. Et ce qui aurait pu être une grande fresque romanesque et aventureuse se change très rapidement en huis clos sentimental étouffant, dont les décors se limitent à une poignée de baraquements et à quelques parcelles de forêt dense de Caroline du Nord.
Ce huis-clos représente bien entendu le couple, qui parait se suffire à lui-même mais étouffe sous le poids de deux personnalités imposantes. L'intrigue quant à elle mêle les relations destructrices du couple l'un envers l'autre avec celles qu'ils exercent tous les deux sur l'environnement. L'ensemble donne un gloubiboulga désagréable dont on peine à saisir le sens.
George en effet est un homme relativement détestable, que la réalisatrice présente néanmoins sous un jour le plus favorable possible. Chasseur "pour la gloire" (il veut tuer un puma et ne se satisfait pas de proies plus modestes), patron d'une exploitation forestière dédiée à la construction du chemin de fer, il exploite jusqu'à la lie les Smocky Mountains qu'il entend raser pour son profit, avant que l'Etat de Caroline du Nord ne puisse en faire un espace protégé, et sans faire grand cas de la sécurité de ses ouvriers sous-payés. Bref, une belle ordure qui a en plus la délicatesse de fuir une paternité non-désirée, laissant l'entière charge de l'enfant à la mère, tandis qu'il pille les fonds de sa propre société. Malgré tout, l'homme est présenté de façon presque positive : meneur d'hommes, travailleur acharné, il incarne le libéralisme dans toute sa splendeur et fait vivre tout un village. Patron charismatique, il est admiré et respecté.
Serena de son côté, ne bénéficie pas de la même bienveillance.
Véritable alter ego féminin de George et personnage à la féminité conquérante, elle s'impose comme partenaire professionnel autant que comme épouse et semble agir comme un révélateur sur son époux, qui commet des actes terribles sous son impulsion. Seuls contre tous, tel est le credo du couple et de Serena en particulier, qui voit d'un mauvais oeil toute concurrence, qu'elle soit féminine ou masculine. Loin de susciter la même admiration de la part de l'entourage de George, Serena est crainte par le reste du village. Et pour cause...
J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à saisir le propos du film. J'ai eu l'impression d'être face à une énième dénonciation de l'emprise que peuvent avoir certaines femmes sur leurs époux, notamment ces être néfastes que sont les femmes fortes qui ont l'outrecuidance de se croire égales aux hommes et qui vouent tout ce qui les entoure à leur perte... C'est en tout cas ce qui transpire du film, et c'est assez étonnant de la part de Susanne Bier. On peut y voir aussi une dénonciation du capitalisme et de ses dérives ; c'est clairement un élément du film aussi, mais dont on ne saisit pas bien le lien avec le couple, qui est mis en avant dans l'intrigue.
Bref un film au sujet confus, à l'ambiance étouffante et dont le jeu des acteurs peine à relever le niveau, Jennifer Lawrence en tête, que l'on a affublée de scène ridicules de gros plan larmoyants. Dommage, diablement dommage pour cette équation si prometteuse sur le papier et dont la résolution semble à côté de la plaque.
À la fin des années 20, George et Serena Pemberton, jeunes mariés,
s’installent dans les montagnes de Caroline du Nord, où ils sont décidés
à faire fortune dans l’industrie du bois. Dans cette nature
sauvage, Serena se montre rapidement l’égale de n’importe quel homme et
règne d’une main de fer avec son mari sur leur empire. Lorsque Serena
découvre le secret de George alors qu’elle est elle-même frappée par le
sort, leur couple passionné et impétueux se fissure. Leur destin
les entraîne vers la plus terrible des tragédies…