Des petits bouts d'éternité

Ah ça Rappeneau c'est quelque chose ! Notre petit Lubitsch à nous en quelque sorte...

Avec sa grâce et sa virevoltance habituelle, il nous livre avec Belles Familles un film joliment enlevé, un trésor de rythme et d'équilibre. Les dialogues chantent et claquent, les mouvements des personnages et des caméras, tout est étudié avec soin et placé au millimètre. Ah quel régal un film construit comme une pièce montée, un travail d'orfèvre sur une partition dorée !

Belles familles est un film à tiroirs, dont les ouvertures/fermetures paraissent au départ un peu énigmatiques avant que l'on se laisse emporter sans résistance à la suite de Mathieu Amalric au chevet de sa jeunesse provinciale en passe d'être vendue (la maison familiale, une allégorie). Les mystères et autres secrets de polichinelle qu'il découvre ne sont eux aussi que prétexte à plus de mouvement et à une plongée plus profonde dans l'intimité de cette famille.

La maison trône au centre de tout et de tout le monde, pilier immuable autour duquel tout s'articule et qui détermine la santé des relations entre chacun, et c'est elle qui révèle les désirs et rancoeurs enfouis depuis des années.

Belles Familles parle de filiation, d'hérédité, de construction de soi entre ce que l'on est et ce que l'on donne à voir. Il parle de rapports fraternels et d'amitié ; d'amour aussi, et de ce qu'on a caché. Avec Belles Familles Rappeneau parle de la vie et de tout les petits bâtons qui se calent entre les roues.

Quel dommage avec autant de talent de gâcher en partie la crédibilité de son film en mettant en image, encore et encore, des hommes de 50 ans en couple avec des femmes de même pas 25ans. C'est tellement récurrent et omniprésent que ça en devient une norme visuelle. Nicole Garcia, qui joue la mère d'Amalric a moins de différence d'âge avec lui que l'actrice qui joue sa compagne. Et après on s'étonne que passé 40 ans les actrices disparaissent des écrans...

★★★☆☆