Mr Turner, Mike Leigh (2014)

 

Mr Turner est de ces films où l'ont se demande ce qui a bien pu passer par la tête de son réalisateur pour qu'il se lance dans sa création... Enfin en l'occurrence on comprend très vite l'admiration que Leigh semble vouer au peintre tant ses images, plans imitatifs de tableaux en mouvement, sont magnifiques !

C'est là d'ailleurs que réside tout l'intérêt du film : ses splendides jeux de lumière, palette de couleurs et effets visuels. Esthétiquement, Mr Turner est un véritable chef-d'oeuvre qui fait honneur à l'artiste dont il retrace la vie !

En termes de scénario en revanche, c'est une autre affaire... le personnage de Turner n'ayant guère de consistance et encore moins une vie particulièrement marquante. De banalité en platitudes, on le suit sur environ 25 ans, entre grognements bourrus et grandiloquence de pinceau dans les mornes allées et venues qui ont jalonné la dernière partie de sa vie.

Le sujet du film n'est bien sûr pas tant la biographie du peintre (il y a si peu à dire) que cette idée de déclin, de temps qui passe et de nostalgie que Mike Leigh avait déjà abordée dans son précédent film, Another Year (2010). Le choix de Turner est certainement lié à celui d'une époque, d'un personnage emblématique de la fin d'une ère en pleine décadence et qui arrive trop tard pour parvenir à se renouveler pour suivre son époque. L'une des dernières scènes illustre d'ailleurs cela à la perfection, lorsque le peintre se retrouve devant un appareil photo, comprenant l'impact que cette nouvelle technique aura sur la peinture. Cette scène, dont la dimension universelle et historique déborde d'une émotion contenue, est particulièrement réussie et mérite de figurer parmi les meilleures scènes de 2014. Le reste du film malheureusement, en est loin. Trop didactique et rasant, il se perd dans les détails biographiques au lieu d'aller vers l'universel. Dommage !

☆☆☆

Mr Turner, Mike Leigh (sortie le 3 décembre 2014)
Avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson - GB - 2h30

Synopsis
Les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.

Une cinéphile

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