L'Affaire SK1, Frédéric Tellier (2014)

Décidément, le polar français de reconstitution a le vent en poupe en ce moment ! Quelques semaines après le très réussi La French, voilà qu'on a droit à la traque du premier tueur en série français démasqué grâce à son ADN, Guy Georges.

Et bien moi qui y allais un peu en traînant les pieds (le french polar peut produire de très bonnes choses mais les ambiances à la Julie Lescaut qui débitent un cliché à la minute, c'est pas ça qui manque sur les écrans et on s'en passe allègrement) j'ai été plus que convaincue par ce thriller dont la puissance émotionnelle et narrative décoiffe vigoureusement !

L'Affaire SK1 en effet, s'en sort haut la main et tient le spectateur en haleine pendant 2h, bien que le dénouement soit connu de tous. Il faut dire que depuis près de 20 ans, on a un peu oublié le contexte, la longueur de la traque avant qu'elle n'éclate dans les médias et les incroyables fausses pistes et coïncidences qui ont jalonné l'enquête. Cette enquête, tentaculaire et absolument passionnante, constitue un matériau de premier choix pour une adaptation au cinéma tant elle permet la mise en lumière de sujets variés et riches. On découvre, tantôt atterré, tantôt admiratif, les rouages de l'administration judiciaire ou les coulisses des réflexions des avocats de la défense ; on fait corps avec les personnages, jusqu'à celui de Guy George, interprété par un Adama Niane au charisme terrifiant. 

L'ambiance du Quai des Orfèvres et les rivalités mesquines entre équipes sont un autre aspect fort, auquel Raphaël Pesonnaz (que décidément on voit partout en ce moment et avec toujours autant de plaisir) donne une dimension plus humaine à l'émotion à fleur de peau. Comment ne pas être emporté par les montées de tensions et dévasté par les culs de sac qui jalonnent les recherches ?

Par la tension qu'il distille et son rythme, tantôt pesant, tantôt proche de la tachycardie, mais aussi par l"humanité dont il est imprégné, SK1 rappelle le Zodiac de Fincher. Et il tient la comparaison sans rougir. Quand le thriller français se hisse au niveau des succès américains, ça redonne de l'espoir pour la production française à venir ! Il y a une vie hors EuropaCorp, une place pour un cinéma français grand public et de qualité !! Tous les espoirs sont désormais permis...

Reste maintenant, après ces jolis succès inspirés de faits réels, à lâcher un peu la bride de nos scénaristes talentueux pour qu'enfin on puisse voir ce genre de cinéma, vif et inspiré, servi par un scénario original ! Car même si la reconstitution des 90's est vraiment réussie, jusqu'au grain de l'image qui se fond parfois dans les images d'archives et si la nostalgie fonctionne à fond en ce moment, quoi de mieux qu'un bon thriller, palpitant et inédit ?

♥♥♥♥

L'Affaire SK1, Frédéric Tellier (sortie le 7 janvier 2015)
Avec Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz, Adama Niane, Thierry Neuvic, William Nadylam - France - 2h00

Synopsis
Paris, 1991. Franck Magne, un jeune inspecteur fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle. Sa première enquête porte sur l’assassinat d’une jeune fille. Son travail l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble. Il est vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, les longs horaires, la bureaucratie… Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit. Au fil d’une décennie, les victimes se multiplient. Les pistes se brouillent. Les meurtres sauvages se rapprochent. Franck Magne traque le monstre qui se dessine pour le stopper. Le policier de la Brigade Criminelle devient l’architecte de l’enquête la plus complexe et la plus vaste qu’ait jamais connu la police judiciaire française. Il va croiser la route de Frédérique Pons, une avocate passionnée, décidée à comprendre le destin de l’homme qui se cache derrière cet assassin sans pitié. Une plongée au cœur de 10 ans d’enquête, au milieu de policiers opiniâtres, de juges déterminés, de policiers scientifiques consciencieux, d’avocats ardents qui, tous, resteront marqués par cette affaire devenue retentissante : « l’affaire Guy Georges, le tueur de l’est parisien ».

Une cinéphile

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