Des petits bouts d'éternité

Quand on parle de tueur cannibale on a tous en tête Anthony Hopkins en Hannibal Lecter et les films flippants le mettant en scène. Si le cannibale de Cuenca partage avec Lecter un certain raffinement, les points de comparaison s'arrêtent là. Il n'est pas question ici de thriller, de suspense ou d'énigme à résoudre. Loin de là.

Carlos est un grand solitaire, que sa pratique culinaire confine dans un ordre bien défini dont il semble jouir tout autant qu'il en souffre. Résigné, comme le lui dit sa mère de substitution "toi, tu n'auras jamais de femme", il vit sa vie selon des protocoles de vieux garçon qui semblent établis il y a des années et qui lui permettent d'assouvir sa petite particularité.

Lorsque la soeur de l'une de ses victimes réapparait, il est poussé vers elle et la laisse entrer dans sa vie et chambouler au passage le cadre dans lequel il évoluait jusque là. D'une quête d'humanité à une histoire d'amour improbable, cette rencontre va bouleverser le héros.

D'une extrême lenteur, Amours cannibale vit au rythme de son héros, auquel on s'attache très vite. Aucune effusion de sang et pas une once de gore ne viennent entamer cette sympathie puisqu'on n'a pas affaire à un film d'horreur au sens classique. L'accent est mis sur l'esthétisme, et les plans sont aussi soignés que les costumes réalisés par Carlos.

S'il est vraiment difficile d'accrocher au récit du fait de cette lenteur et de la presque apathie des personnages, l'effort vaut toutefois la peine pour découvrir un vrai film d'esthète.
(mais je ne vous cache pas que j'ai décroché par moments...)

Des images et une mise en scène magnifiques pour un film sur la solitude, la quête de soi et des autres. A découvrir.

Amours Cannibales (Canibal), Manuel Martín Cuenca (sortie le 17 décembre 2014)

Avec Antonio de la Torre, Olimpia Melinte, María Alfonsa Rosso - Espagne - 1h57

Synopsis

Carlos est tailleur. Il confectionne des costumes pour l’élite avec la même précision qu’il tue des femmes. Son cannibalisme est aussi solitaire que son existence est bien rangée et sans remords, jusqu’à l’arrivée de la soeur jumelle de l’une de ses victimes qui, telle un double fantomatique, lui offre la rédemption.