Des petits bouts d'éternité

Ne vous fiez pas au titre français cucul à souhait ni à l'affiche un peu planplan mais regardez plutôt qui est aux commandes de cette épopée futuriste rétro (Brad Bird et son talent imbattable pour rockiser les blockbusters !) et filez en salle pour une plongée revigorante dans le futur des années 70 !

Car comme le dit George en ouverture du film : "quand j'étais gamin, le futur était différent", et il a sacrément raison ! En une trentaine d'années on a perdu en route les voitures volantes, les cités luxuriantes et surtout le FUN, remplacé par un déclin à base de destruction et de fin du monde...

"Why can't it just be fun ?" demande le gamin du film, that's a damn good question que Tomorrowland (préférons-lui son titre original) s'attache à mettre en image de la meilleure des façons.

Ludique et inventif, le film débute avec un jet pack artisanal et s'achève avec une fusée rétro inventée par Jules Verne himself ! Brad Bird s'amuse et il n'y a bien que la mine renfrognée de Clooney, quasi seul adulte du film, pour nous rappeler que non, aujourd'hui le futur n'a plus grand chose d'amusant.

La petite morale à base de "c'est sûr que si on n'imagine que le pire on ne risque pas d'inventer le meilleur", qui est loin d'être idiote (1), vient placer un contexte philosophique pendant que l'aventure initiatique de l'héroïne nous fera passer avec elle par tous les états d'un ascenseur émotionnel réussi.

Pour peu que l'on parvienne à laisser notre cynisme sur le siège d'à côté, Brad Bird et sa façon si enjouée et virevoltante de filmer, nous emmènera tout droit vers le futur d'antan. Une ballade délicieusement fun et vraiment drôle, à partager en famille (+10ans environ) pour rappeler aux plus jeunes autant qu'à nous qu'à une époque, on y croyait encore...

★★★☆☆

A la Poursuite de Demain (Tomorrowland), Brad Bird (sortie le 20 mai 2015)

Avec Britt Robertson, Raffey Cassidy, George Clooney, Hugh Laurie - USA - 2h10

Synopsis

Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune... Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin ! 

(1) cette idée sous-tend le projet de Luc Schuiten et ses cités végétales, un autre futur possible pour 2115. Pour les strasbourgeois, l'exposition est à découvrir au Shadock jusqu'au 7 juin 2015 (clic).

30 ans après le Dôme du Tonnerre, George Miller revient à ses premiers amours et rebooste sa trilogie culte avec une nouvelle version moderne et étincelante, dans une atmosphère toujours aussi furieuse.

Comment ne pas être emballé par cette Fury Road et la fuite en avant déjantée de ses héroïnes ?

Certes l'intrigue tient sur une feuille de papier à cigarette, dialogues inclus, mais il n'est parfois pas nécessaire de plus de quelques mots et beaucoup d'images pour faire un grand film et en dire beaucoup : Miller livre ici son opus le plus abouti et le plus flamboyant de la trilogie, entre nihilisme, écologie et féminisme.

Car le film a beau s'intituler Mad Max, la véritable héroïne, c'est bien Furiosa, rebelle en quête de rédemption et d'espoir. Charlize Theron éclipse complètement Tom Hardy qui pourtant ne démérite pas dans son interprétation mutique et malgré tout sensuelle du personnage légendaire et torturé.

Mais c'est bel et bien Charlize Théron qui mène la danse dans le rôle de cette incroyable guerrière badass comme on aimerait en voir plus souvent sur les écrans ! Enfin un personnage féminin à la hauteur, ni sur-testostéroné ni en attente d'être sauvée : une héroïne riche et construite, pleine de failles et paradoxes et dont le charisme irradie la pellicule. Nicholas Hoult de son côté, grimé et méconnaissable, est franchement enthousiasmant dans ce personnage de guerrier fou furieux et attendrissant tout à la fois.

Bref voici un film qui déborde de fureur, un road movie halluciné et hallucinant dont les personnages, enfin !, ne se limitent pas à une caricature ambulante ! A près de 70 ans, apporter un tel vent de fraîcheur, c'est revigorant !!

L'intérêt du film, ceci dit, tient tout autant à sa galerie de personnages délicieusement barrés, qu'à l'imagerie incroyable dans laquelle ils évoluent ! Les morceaux de bravoure pleuvent et les clins d'oeil se multiplient : la mythologie apocalyptique dans toute sa splendeur, déchéance ravagée contre fol espoir de renaissance...

Et pour sauver ce monde, dont les ruines sont entre les mains d'un groupe d'hommes qui se sont approprié les ressources pour exploiter les peuples, c'est bien un groupe de femmes qui se lève. Hésitantes, incertaines et doutant de leurs capacités, c'est épaulées de quelques hommes qu'elles se dressent contre la domination (patriarcale) pour libérer les opprimés et instaurer un système équitable et mixte. Ni remplacer ni asservir mais repenser des rapports équilibrés, quelle meilleure illustration du féminisme ?

"Who killed the world ?" si cela restera un mystère, reste à savoir... qui le sauvera !

★★★★☆ 

Mad Max : Fury Road, George Miller (sortie le 14 mai 2015)
Avec Charlize Theron, Tom Hardy, Zoe Kravitz, Nicholas Hoult, Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Hugh Keays-Byrne - Australie - 2h

Synopsis
Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

Près de 15 ans après la fin de la guerre, l'Allemagne se reconstruit peu à peu, dans le déni le plus complet. La nouvelle génération, trop jeune pour avoir été témoin des événements, a grandi en ignorant tout de la réalité des camps. Des soldats, une guerre, des morts, rien de plus...

Le Labyrinthe du Silence raconte le douloureux éveil d'un jeune procureur qui ôte les confortables oeillères qu'il porte et se confronte à une réalité dont il ne soupçonnait pas l'existence.

Le Labyrinthe du Silence est un film grave mais plein d'humanité, avec tous ses défauts et son panache. Mêlant habilement personnages réels et figures fictives afin de construire son récit de manière synthétique et rythmée, cette fiction du réel retrace le prologue du procès de Francfort et la quête du jeune procureur qui, tel le Neo de Matrix, a ouvert les yeux et ne peut désormais plus faire marche arrière et oublier ce qu'il sait. Petit à petit dévoré par sa quête et accablé par les les atrocités qu'il découvre et la résistance de ses concitoyens, il n'aura de cesse de tenter d'ouvrir les yeux de ceux qui l'entourent.

On découvre avec ce film à quel point il est aisé d'occulter une réalité que l'on ne veut pas voir. Et on réalise l'importance du devoir de mémoire, qui peut parfois paraître anodin de nos jours. Car le film de Ricciarelli sonne juste et avec un style qui n'est pas sans évoquer les grands films d'enquête historique, met en lumière un aspect rarement abordé de l'histoire allemande : la difficile cohabitation, au lendemain de la guerre, entre victime et bourreaux...

★★★☆☆

Le Labyrinthe du Silence (Im Labyrinth des Schweigens), Giulio Ricciarelli (sortie le 29 avril 2015)

Avec Alexander Fehling, André Szymanski, Frederike Becht - Allemagne - 2h03

Synopsis

Allemagne 1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.

Projeté à Cannes la semaine dernière et tout auréolé d'un prix d'interprétation pour Vincent Lindon, le moins qu'on puisse dire c'est que La Loi du Marché gratouille aux entournures tant il rend le spectateur mal à l'aise sur son siège...

L'histoire de Thierry, tout le monde la connaît : la cinquantaine, un licenciement pseudo-économique, le chômage qui s'éternise et le parcours du combattant qui s'en suit pour retrouver un boulot. On se souvient du Couperet. On en est loin.

Car ce que l'on n'imaginait pas réellement, ce qu'on préférerait ranger gentiment sous le tapis alors que d'aucuns aiment à se persuader que les chômeurs ne sont que des profiteurs qui vivent sur le dos du système, c'est la façon dont le système justement, s'attache à démolir pour mieux exploiter...

Renversement de situation.

Car ce à quoi on assiste devant La Loi du Marché, ce n'est pas tant le pénible parcours d'un père de famille en quête de travail que l'humiliation systématique et organisée d'un individu, jusqu'à le faire entrer de son propre chef dans les cases les plus abjectes de l'exploitation. Le chômage comme outil au service du marché.

Dans le rôle du pion qui résiste comme il peut, Vincent Lindon est exceptionnel de sobriété et de justesse. Il mérite mille fois son prix d’interprétation cannois, car il n'est pas aisé de montrer et d'incarner un homme qui finit par se soumettre, sans tomber dans le pathos et le ridicule.

C'est là toute la force de Lindon mais aussi de Brizé qui, s'il s'éparpille un peu en voulant parfois trop en dire (beaucoup de sujets sont à peine effleurés et n'apportent pas forcément grand chose en l'état - le handicap du fils, le suicide, la banque -), livre un film qui dans son ensemble dégage une force dérangeante très efficace et propice au questionnement.

Un portrait glaçant mais réaliste de l'industrie du chômage qu'a créé la société d'aujourd'hui...

★★★☆☆

La Loi du Marché, Stéphane Brizé (sortie le 19 mai 2015)

Avec Vincent Lindon, Karine de Mirbeck, Yves Ory - France - 1h33

Synopsis

À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ? 

Après un premier volet plutôt enthousiasmant, on retrouve avec plaisir toute la bande de super-héros ! Un plaisir coupable un peu teinté de déception toutefois tant on a l'impression de se trouver face à une grosse machine un peu trop bien huilée à laquelle il manque du coup un peu de cœur.

Le rythme très soutenu du film et les nombreux rebondissements masquent difficilement un manque de corps et de consistance assez prononcé. Nos héros ont beau multiplier les morceaux de bravoure et révéler des aspects surprenants de leur vie familiale, on est bien loin de l'emballement provoqué par le premier volet.

C'est sans doute le signe d'une franchise qui s'essouffle : à trop vouloir en faire et en proposant plusieurs déclinaisons solo dans l'année, on a l'impression de ne plus voir qu'eux et la saturation n'est pas loin... Marvel semble bel et bien être en train de tuer sa poule aux oeufs d'or.

Reste que les effets sont sympas et qu'ils en mettent comme toujours plein la vue ; pour le moment ça fait encore plutôt bien la blague.

★★☆☆☆

Avengers : l'ère d'Ultron, Joss Whedon (sortie le 22 avril 2015)

Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Jeremy Renner - USA - 2h22

Synopsis

Alors que Tony Stark tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là suspendu, les choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces pour combattre le plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine.
Afin d’empêcher celui-ci d’accomplir ses sombres desseins, des alliances inattendues se scellent, les entraînant dans une incroyable aventure et une haletante course contre le temps… 

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Voilà un projet qui, sur le papier, avait vraiment de quoi emballer et avec le complice d'Aja aux commandes, on s'attendait à quelque chose de croustillant et flippant à souhait !

Las, il n'en sera rien et seul l'ennui nous tiendra compagnie dans cette pyramide. Le scénario n'a ni queue ni tête et le montage est complètement crétin : il mélange abruptement des images à la 1ere personne, filmées par le personnage du journaliste, et les images à la 3e personne du film en lui-même, avec pour seul effet de brouiller la narration et perdre le spectateur qui finit par ne plus s'intéresser à grand chose. Les personnages quant à eux, ont si peu de consistance qu'on les oublie dès qu'ils quittent l'écran, autant dire que leur sort laissera tout le monde indifférent.

Il n'y a pas grand chose à sauver mais on s'attendait au moins à un mystère palpitant et angoissant, une atmosphère lourde ou un monstre terrifiant, bref quelque chose qui remue un peu, on est devant un film d'horreur que diable ! On devra se contenter de quelques déambulations effarouchées au milieu de hiéroglyphes et d'un dieu égyptien vaguement vengeur...

De quoi ré-évaluer à la hausse Catacombes, qui surfait sur le même thème avec beaucoup plus de succès il y a quelques mois !

☆☆☆☆☆

Pyramide, Gregory Levasseur (sortie le 6 mai 2015)

Avec Ashley Hinshaw, Denis O'Hare, James Buckley - USA - 1h29

Synopsis

En Égypte, en plein désert, des archéologues découvrent une pyramide unique en son genre. En y pénétrant, ils vont affronter bien plus qu’une malédiction. Ils sont piégés au cœur d’un labyrinthe, et quelque chose les traque…

Le nom de Bogdanovich semble familier, et pour cause : c'est un vieux briscard du cinéma qui tourne, certes peu, depuis les années 70 et qu'on pensait retiré des affaires depuis des années. C'est donc à un retour surprise, et en fanfare s'il vous plait, auquel on assiste avec Broadway Therapy (encore un titre "traduit" avec les pieds...), une comédie hollywoodienne joyeuse et délicieusement rétro.

Broadway Therapy, c'est le parfait feel good movie à la mode d'antan. Un classique qui aurait traversé le temps pour remettre au goût du jour tous les codes savoureux d'un âge d'or hollywoodien depuis longtemps révolu et où la légèreté était de mise.

On pense à Woody Allen évidemment, pour son côté grinçant et cet humour noir lorsque rien ne fonctionne comme il faudrait, mais c'est avant tout à Lubitsch et ses comédies romantiques qu'il est fait référence (une citation de La Folle Ingénue est notamment au coeur du film). Et Bogdanovich tient la comparaison haut la main !

Chez lui tout est travaillé, jusqu'aux arrière-plans et aux personnages secondaires, riches et détaillés, qui bénéficient chacun d'une trame narrative propre. En résulte une impression de fouillis organisé, de joyeux bordel (c'est le cas de le dire !) où tout finalement est à sa place. C'est de la dentelle !

Tous les éléments sont réunis ici pour faire de cette comédie désuète une réussite tant visuelle que narrative. Un vrai délice à tous point de vue, dont on sortira le sourire vissé aux lèvres et le coeur léger.

Peut-être le titre n'est-il pas si mal traduit en définitive, puisqu'il s'agit bien en quelque sorte pour le spectateur... d'une petite Broadway Therapy !

★★★★☆ 

Broadway Therapy (She's Funny That Way), Peter Bodganovich (sortie le 22 avril 2015)

Avec Imogen Poots, Owen Wilson, Ileana Douglas, Rhys Ifans, Jennifer Aniston - USA - 1h33

Synopsis

Lorsqu’Isabella rencontre Arnold, un charmant metteur en scène de Broadway, sa vie bascule. À travers les souvenirs – plus ou moins farfelus – qu’elle confie à une journaliste, l’ancienne escort girl de Brooklyn venue tenter sa chance à Hollywood, raconte comment ce « rendez-vous » lui a tout à coup apporté une fortune, et une chance qui ne se refuse pas... Tous ceux qui se trouvent mêlés de près ou de loin à cette délirante histoire vont voir leur vie changer à jamais dans un enchaînement de péripéties aussi réjouissantes qu’imprévisibles. Personne n’en sortira indemne, ni l’épouse d’Arnold, Delta, ni le comédien Seth Gilbert, ni le dramaturge Joshua Fleet, pas même Jane, la psy d’Isabella...

Ce petit film discret n'aurait probablement pas attiré mon attention si je ne l'avais pas remarqué dans l'avion lors de mon dernier voyage. Intriguée car je n'en avais pas entendu parler, j'ai failli le lancer mais j'ai pour principe de ne regarder en video que les films qui ne sont plus à l'affiche chez moi ou qui n'ont pas de date de sortie France. Mais ma curiosité était piquée et m'a conduit tout droit dans la salle ce week-end.

Le thème, un peu cocasse (un homme hérite d'un appartement à Paris et découvre avec dépit qu'il s'agit d'un viager occupé par une nonagénaire en pleine forme) cache certes une comédie plutôt réussie mais aussi un film un peu plus subtil que ce à quoi on pouvait s'attendre en lisant le pitch.

Derrière la comédie se cache en effet un drame familial très juste et qui doit beaucoup au jeu tout en nuances de Kevin Kline, toujours aussi parfait en bougon attachant. L'ensemble du casting est joyeusement décalé et le film se tient parfaitement, entre bons mots qui fusent (à voir en vost) et émotion à fleur de peau.

My Old Lady est un petit film sympathique très réussi sur la résilience et le poids des secrets de famille. On apprécie de retrouver un casting de quasi sexagénaires qui se battent toujours avec leurs démons, preuve que la vie est rarement un long fleuve tranquille.

En bref, une comédie dramatique pétillante et très justement dosée, qui faute de rester gravée dans les annales du cinéma, saura séduire un public en quête de légèreté.

★★★☆☆

Avec Kevin Kline, Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Dominique Pinon - USA / France - 1h42

Synopsis

Mathias, la cinquantaine, new-yorkais, divorcé et sans ressources, débarque à Paris pour vendre la maison qu'il a héritée de son père. Il découvre alors que ce magnifique hôtel particulier du Marais est habité par une vieille dame de 92 ans, Mathilde, et sa fille, Chloé. Un hôtel particulier que Mathilde a placé il y a bien longtemps en viager, coutume typiquement française que ne comprend évidemment pas cet Américain pragmatique, qui, non seulement se retrouve en plus à devoir payer une rente. 

Une Belle Fin est de ces films qui ne ressemblent à rien d'autre qu'à eux-mêmes. Ni comédie ni drame, le film d'Uberto Pasolini invite à s'interroger sur le sens de la vie et s’intéresse aux traces que l'on y laisse, qu'elles soient perceptibles ou non.

En suivant John May dans ses recherches pour réconcilier, ou tout du moins rassembler, les familles et les proches après le décès de personnes isolées, on comprend peu à peu que l'empreinte que nous laissons n'est pas forcément matérielle ou reconnue ni ne dépend de notre présence sur des albums de famille.

Avec douceur et justesse, et souvent beaucoup de nostalgie, le parcours de John May fait mouche et révèle une inconsciente nécessité de reconnaissance. Une réflexion qui invite à l'introspection et ne laissera pas le spectateur insensible. Une pépite, sans fard ni fioriture, à découvrir !

★★★★☆

Une Belle Fin (Still Life), Uberto Pasolini (sortie le 15 avril 2015)

Avec Eddie Marsan, Joanne Froggatt, Karen Dury - GB / Italie - 1h27

Synopsis

Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu'au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.