En ce mois d’avril morose, Life constitue un parfait
palliatif avant la sortie très attendue d’Alien Covenant de Ridley Scott. En effet,
ce huis-clos spatial plutôt réussi marche clairement sur les traces de son
parent pas si éloigné et les sources d’inspiration sont flagrantes. Il faut
dire que le 8e Passager a si fermement imprimé sa marque sur le
survival spatial, qu’il est désormais quasiment impossible de s’attaquer au
genre sans y faire référence.
Ici comme dans Alien, une forme de vie en dormance dans l’espace
attend patiemment que quelqu’un ou quelque chose lui offre les conditions nécessaires
à sa régénération. Et si l’ennemi ne grandit pas en nous avant de dévorer son
hôte de l’intérieur, c’est malgré tout grâce à l’homme qu’il atteint une
maturité suffisante pour s’attaquer à lui, retournant en quelque sorte la
science et la technologie contre lui.
Sûr de sa supériorité et tout à son euphorie d'avoir
quasiment créé la vie, le groupe de scientifiques lui donne même un nom, comme
on nommerait un animal de compagnie. Après tout l'humain est l'être dominant et
cette supériorité n'a jamais été remise en cause, y compris par cette pauvre
petite cellule inoffensive qui a bien besoin de l’homme pour survivre… dans un
premier temps. Jusqu’au renversement des rapports de force dans la Station
Spatiale Internationale... Et l’amour que vouait l'équipe à cette nouvelle
forme de vie lorsqu'elle devait la préserver se mue rapidement en haine quand
il s'agit de la détruire. Le réflexion est intéressante.
D’autant que ce qui marque dans Life, c’est l’absence de
morale. Car la vie, dès lors qu'elle existe, n'a d'autre choix que de lutter
pour sa survie. Quelle que soit l'issue de cette lutte elle doit avoir lieu
jusqu'au bout et ne pourra s'achever que par la mort de l'un des protagonistes.
Et si l'on prend ici fait et cause pour nos semblables, la particularité de
Life est de jouer sur l'absence totale de notion de bien ou de mal dans le
combat qu'il montre.
Cette impression d’inéluctabilité est renforcée de façon
intéressante par les images. Le réalisateur a fait le choix de filmer
intégralement en apesanteur (ce qui constitue probablement une sorte d’exploit
et un sacré budget !), donnant à son film comme des airs de ballet aérien.
Et cela sans nuire un instant à la tension du film. Les corps flottant des acteurs
donnent une ambiance très déroutante, la douceur des déplacements et l'absence
de gestes brusques, même lorsqu'on fuit pour sauver sa peau semblent presque
irréelles et donnent cette impression que la machine qui a été lancée suit une
trajectoire inexorable. La lutte est engagée et elle ne pourra pas bien finir.
Car il n’y a ni vilains ni gentils dans cette histoire,
juste deux formes de vie incapables de communiquer entre elles et donc de
cohabiter paisiblement. L'allégorie est tristement d'actualité.
★★☆☆☆
Life, origine inconnue de Daniel Espinosa (sortie le 19 avril 2017)
Avec Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson, Jake Gyllenhaal, Ariyon Bakare, Hiroyuki Sanada - USA - 1h44
Synopsis
À bord de la Station Spatiale Internationale, les six membres d’équipage
font l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité
: la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars. Alors
qu’ils approfondissent leurs recherches, leurs expériences vont avoir
des conséquences inattendues, et la forme de vie révélée va s’avérer
bien plus intelligente que ce qu’ils pensaient…
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