Life, Daniel Espinosa (2017)



En ce mois d’avril morose, Life constitue un parfait palliatif avant la sortie très attendue d’Alien Covenant de Ridley Scott. En effet, ce huis-clos spatial plutôt réussi marche clairement sur les traces de son parent pas si éloigné et les sources d’inspiration sont flagrantes. Il faut dire que le 8e Passager a si fermement imprimé sa marque sur le survival spatial, qu’il est désormais quasiment impossible de s’attaquer au genre sans y faire référence.

Ici comme dans Alien, une forme de vie en dormance dans l’espace attend patiemment que quelqu’un ou quelque chose lui offre les conditions nécessaires à sa régénération. Et si l’ennemi ne grandit pas en nous avant de dévorer son hôte de l’intérieur, c’est malgré tout grâce à l’homme qu’il atteint une maturité suffisante pour s’attaquer à lui, retournant en quelque sorte la science et la technologie contre lui.

Sûr de sa supériorité et tout à son euphorie d'avoir quasiment créé la vie, le groupe de scientifiques lui donne même un nom, comme on nommerait un animal de compagnie. Après tout l'humain est l'être dominant et cette supériorité n'a jamais été remise en cause, y compris par cette pauvre petite cellule inoffensive qui a bien besoin de l’homme pour survivre… dans un premier temps. Jusqu’au renversement des rapports de force dans la Station Spatiale Internationale... Et l’amour que vouait l'équipe à cette nouvelle forme de vie lorsqu'elle devait la préserver se mue rapidement en haine quand il s'agit de la détruire. Le réflexion est intéressante.

D’autant que ce qui marque dans Life, c’est l’absence de morale. Car la vie, dès lors qu'elle existe, n'a d'autre choix que de lutter pour sa survie. Quelle que soit l'issue de cette lutte elle doit avoir lieu jusqu'au bout et ne pourra s'achever que par la mort de l'un des protagonistes. Et si l'on prend ici fait et cause pour nos semblables, la particularité de Life est de jouer sur l'absence totale de notion de bien ou de mal dans le combat qu'il montre.

Cette impression d’inéluctabilité est renforcée de façon intéressante par les images. Le réalisateur a fait le choix de filmer intégralement en apesanteur (ce qui constitue probablement une sorte d’exploit et un sacré budget !), donnant à son film comme des airs de ballet aérien. Et cela sans nuire un instant à la tension du film. Les corps flottant des acteurs donnent une ambiance très déroutante, la douceur des déplacements et l'absence de gestes brusques, même lorsqu'on fuit pour sauver sa peau semblent presque irréelles et donnent cette impression que la machine qui a été lancée suit une trajectoire inexorable. La lutte est engagée et elle ne pourra pas bien finir.

Car il n’y a ni vilains ni gentils dans cette histoire, juste deux formes de vie incapables de communiquer entre elles et donc de cohabiter paisiblement. L'allégorie est tristement d'actualité.


★★☆☆
Life, origine inconnue de Daniel Espinosa (sortie le 19 avril 2017)
Avec Ryan Reynolds, Rebecca Ferguson, Jake Gyllenhaal, Ariyon Bakare, Hiroyuki Sanada - USA - 1h44


Synopsis
À bord de la Station Spatiale Internationale, les six membres d’équipage font l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité : la toute première preuve d’une vie extraterrestre sur Mars. Alors qu’ils approfondissent leurs recherches, leurs expériences vont avoir des conséquences inattendues, et la forme de vie révélée va s’avérer bien plus intelligente que ce qu’ils pensaient…

Une cinéphile

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