D'un côté on a la tentative inédite de dresser le portrait d'une extrême-droite à la française. En racontant l'histoire d'un skinhead, facho de base, colleur d'affiche violent et bas de plafond, on obtient un aperçu de l'évolution des idées nationalistes depuis leur réapparition dans les années 80 jusqu'à aujourd'hui. Rien de bien neuf dans le constat que parmi les origines des mouvements pro-famille et autres défilés anti-mariage pour tous, il y a des antécédents bien puants, mais à l'heure où ces idées se sont largement démocratisées et commencent à s'ancrer dans des discours banals qui vont même au-delà du front national, il est toujours intéressant de rappeler d'où elles viennent.
Cette fresque de la haine à travers les âges et l'évolution du personnage principal sont les atouts indéniables du film, et la remise dans son contexte sur le long terme du discours nationaliste est une démarche intéressante qui vaut à elle seule le déplacement.
D'un autre côté, cinématographiquement parlant, on a un peu l'impression que Diastème, sa bonne idée en poche, n'a pas vraiment cherché plus loin que ça pour tenter de l'illustrer avec un peu de style.
Alors oui le parcours du héros permet une sorte de fresque historique et la reconstitution des époques successives est vraiment réussie. L'ambiance est parfaitement retranscrite et les inserts de programme TV en guise de marqueurs temporels vraiment efficaces. Mais c'est tout.
On suit donc l'évolution de Marco, de sa période ratonnade et meetings FN, jusqu'à l'âge de la rédemption et du bénévolat auprès de SDF immigrés, sans que son émancipation intellectuelle ne prenne beaucoup de sens. J'ai beaucoup de mal à croire à une telle évolution dans ses idées lorsque l'on évolue toute sa vie dans un milieu pareil... Et c'est là l'un des problèmes du film de Diastème : il ne dépasse jamais vraiment le stade de la caricature et tous ses personnages, plutôt que de développer une crédibilité qui leur serait propre, ne sont que purement illustratifs et donc excessivement basiques.
C'est d'autant plus regrettable que les interprètes, Alban Lenoir en tête, sont vraiment très bons. Seulement voilà, on aimerait tous que les choses soient aussi simple que le fasciste bête et méchant, mais c'est quand même souvent un peu plus complexe que ça.
Au niveau de la réalisation c'est un peu pareil, pas vraiment de personnalité mais du basique de bout en bout. De la caméra à l'épaule, des gros plans, des ellipses qui donnent parfois le tournis, et rien de bien transcendant.
Du coup Un Français se retrouve un peu le cul entre deux chaises : intéressant dans son propos mais chiant dans sa forme. Pas sûr du coup qu'il ait un grand impact sur qui que ce soit en fin de compte, et c'est bien dommage !
★★☆☆☆
Avec Alban Lenoir, Lucie Debay, Samuel Jouy, Paul Hamy - France - 1h38
Synopsis
Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de l'extrême droite. Jusqu'au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l'abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu'on a en soi ? C'est le parcours d'un salaud qui va tenter de devenir quelqu'un de bien.
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