Des petits bouts d'éternité

Le sujet est polémique mais Bellefroid évite judicieusement les écueils de la revendication frontale pour naviguer entre émotion et naïveté. Avec beaucoup de subtilité, il raconte l'histoire de deux destins plus qu'il n'illustre un sujet d'actualité.

On comprend à demi-mot au travers de l'histoire des deux femmes tout l'imbroglio légal et émotionnel qui entre en jeu lorsque l'on a recours à une mère porteuse. Les actrices, filmées en plans serrés dans le huis clos au sein duquel évoluent leurs personnages, restent justes et pleines de pudeur. Et c'est ainsi que Melody nous happe dans son histoire...

Jeune paumée pleine de rêves, elle propose de louer son corps pour gagner de quoi financer son salon de coiffure. De l'autre côté de la manche, Emily tente de se remettre du cancer qui lui a coûté son utérus. Les deux femmes sont unies par l'enfant de l'une que porte l'autre et pour toutes les deux la maternité comme planche de salut.

La réussite du réalisateur tient à son parti-pris et sa volonté de s'ancrer dans la fiction : loin de théoriser un sujet pourtant brûlant de controverse, il raconte ici une histoire singulière, comme le sont certainement toutes celles des personnes pouvant avoir recours à la GPA. Il fait ainsi de Melody un film juste et sensible, qui questionne moins le concept de grossesse pour autrui, qui est bel et bien une réalité depuis fort longtemps, légale ou non, que celui de la maternité, de l'identité et de la façon dont on se construit.

Émouvant et jamais lourd, une jolie découverte.

★★☆☆☆

Melody, Bernard Bonnefroid (sortie le 6 mai 2015)

Avec Rachael Blake, Lucie Debay, Don Gallagher - Belgique - 1h32

Projeté à Strasbourg dans le cadre du Festival du Film LGBTI 2015

Synopsis

Melody, modeste coiffeuse à domicile, est prête à tout pour réaliser son rêve : ouvrir son propre salon de coiffure. Contre une importante somme d'argent, elle accepte de porter le bébé d'une autre et rencontre Emily, riche Anglaise qui cherche désespérément à en avoir un...