Archive for mai 2016

Il ne se passe pas grand chose du côté thriller en ce moment dans les salles, alors c'est un peu en quête de soins palliatifs que je suis allée voir ce thriller fantastico-espion auquel la présence de Kevin Costner donne un peu de visibilité.

Et force est de constater qu'on ne peut pas en attendre grand chose de plus (que du soin palliatif)...

On est devant une vague histoire d'espionnage plutôt grossière avec fin du monde civilisé à la clef, sur laquelle Ariel Vromen a tenté d'appliquer un greffon de film fantastique à base de transplantation de mémoire, le tout sur fond carcéral avec rédemption à la clef. Sauf que le greffon ne prend pas.

Le héros patriotique Ryan Reynolds va rapidement céder sa place à l'écran à celui qui hérite de ses souvenirs : un monstre sociopathe, le plus violent détenu que la terre ait porté et qui n'a jamais ressenti aucune émotion, bref une brute finie, incarnée par... Kevin Costner.

Rien qu'à l'idée qu'on ait pu proposer un rôle d'homme des cavernes (ô la première apparition du personnage, enchaîné dans sa cellule est si merveilleusement ridicule !) à Kevin Costner, on se demande quels fils ont pu se toucher dans le cerveau des producteurs, mais il faut admettre qu'il s'en tire plutôt honorablement vu les circonstances.

Ce ne sera malheureusement pas le cas du film qui empile scène convenue sur scène convenue pour un résultat parfaitement grotesque.

☆☆☆☆☆

Criminal - un espion dans la tête, Ariel Vromen (sortie le 4 mai 2016)

Avec Kevin Costner, Gal Gadot, Ryan Reynolds, Gary Oldman, Tommy Lee Jones, Michael Pitt - 1h54

Synopsis

Dans une ultime tentative pour contrecarrer un complot et une terrifiante catastrophe, les autorités décident d’implanter la mémoire et le savoir-faire d’un agent de la CIA décédé dans le corps d’un condamné à mort aussi imprévisible que dangereux. Il est l’unique chance – à haut risque – d’achever la mission… D’autant qu’en récupérant l’esprit de l’ancien agent, le condamné a aussi hérité de ses secrets…

Petite pause documentaire dans mon marathon fiction de la semaine, Merci Patron ! est un bol d'air bienvenu !

Ce qui commence comme un documentaire assez lambda sur le groupe LVMH et la fuite fiscale de son patron, Bernard Arnault, se mue rapidement en un film complètement ahurissant, récit d'un braquage réussi contre l'un des plus gros bonnets de la finance française (ou belge, on ne sait plus trop).

Au milieu du plateau d'échec, les Klur, un couple de nordistes licencié par le grand groupe qui se retrouve étranglé par les dettes depuis la fermeture de l'usine qui les employait. Les tractations qui s'engagent entre le couple, piloté par le rédac chef de Fakir, et le groupe LVMH, est si incroyable qu'on se croirait dans un film d'espionnage russe...

On peut certes se poser beaucoup de questions sur le film de Ruffin et sa finalité. La façon dont le couple semble manipulé par le réalisateur met en effet par moments mal à l'aise, tout comme cette impression que la situation sert finalement plus à faire mousser le trublion qu'à réellement aider le couple en difficultés. Reste qu'en définitive chacun semble y trouver son compte, y compris le spectateur car il faut bien admettre que ce petit côté Robin des bois du Nord ravigotte joyeusement !

A voir pour son côté jubilatoire doux-amer.

★★★☆☆

Merci Patron !, François Ruffin (sortie le 24 février 2016)

Documentaire - France - 1h24

Synopsis

Pour Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison. C'est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d'un inspecteur des impôts belge, d'une bonne soeur rouge, de la déléguée CGT, et d'ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l'assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le coeur de son PDG, Bernard Arnault. Mais ces David frondeurs pourront-ils l'emporter contre un Goliath milliardaire ? Du suspense, de l'émotion, et de la franche rigolade. Nos pieds nickelés picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l'homme le plus riche de France ?

Captain America n'est pas un personnage que j'affectionne particulièrement, et j'avoue que c'est surtout la perspective de la SuperBaston (rendez-vous un peu loupé du côté de Bat et Super) qui m'a attirée dans la salle.

Et de ce côté-là le moins qu'on puisse dire c'est qu'on n'est pas déçu. Disney-Marvel a vraiment mis le paquet sur la scène phare de son film, et le résultat vaut définitivement le coup d'oeil. Rythmée et pleine d'humour, on passe d'un personnage à l'autre dans un tourbillon de superpouvoirs toujours assortis de bons mots. C'est tellement réussi qu'en comparaison le reste du film semble bien fade.

Du côté des "guests" (peut-on encore parler de guests quand on a plus l'impression d'être devant un épisode des Avengers qu'une aventure du Cap' ?) on est servi, et bien servi ! Si l'arrivée de Spiderman-Sony dans l'écurie Avengers-Disney a fait grand bruit, c'est plutôt du côté de Black Panther que se situe mon enthousiasme. Le nouveau personnage introduit ici semble prometteur et j'ai hâte de voir ce qu'il a sous le capot en solo.

Mais au-delà de la galerie de personnages et l'étalage de performances qui l'accompagne, le film en lui-même fait un peu pâle figure. On sent les limites de l'exercice et si l'on s'amuse bien il faut bien admettre qu'on a plus l'impression de feuilleter un catalogue de jouets animé que de regarder un film à l'intrigue construite. Et pourtant ce n'est pas faute de matière, une fois encore il y avait un sujet intéressant et largement de quoi creuser un peu sur des aspects ô combien contemporains de contrôle des pouvoirs. C'est évidemment plus compliqué lorsqu'on a une quinzaine de personnages à panacher et surtout, ce n'est clairement pas le but du studio de proposer un contenu avec du sens. Aussi fun qu'elle soit, la grande baston de nos héros n'en demeure pas moins complètement vide de toute substance.

Ce type de spectacle qui relève plus de la lobotomie marketing qu'autre chose (et on peut dire que cela fonctionne tant l'effet d'addiction nous pousse à chaque fois vers les salles pour notre dose de grand PIF-PAF décérébré), est bien sûr loin d'être désagréable mais leur présence sur les écrans ne cessant de s'accroitre, veillons aussi à rester lucide sur leur nature et à laisser la place qu'il mérite au vrai cinéma sur nos écrans.

★★☆☆☆

Captain America : Civil War, Anthony & Joe Russo (sortie le 27 avril 2016)

Avec Chris Evans, Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Chadwick Boseman, Sebastian Stan, Anthony Mackie, Paul Rudd, Elisabeth Olsen, Tom Holland - USA - 2h28

Synopsis

Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l'humanité. À la suite d'une de leurs interventions qui a causé d'importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l'équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s'engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d'autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement...

A lire aussi

Disney poursuit sa numérisation des contes de notre jeunesse en revisitant les grands classiques et en les adaptant à des version "humaines". Peter Pan, La belle au bois dormant ou encore Jack et son haricot ont déjà eu droit à leur petit coup de jeune, c'est maintenant au tour du conte de Kipling.

Mais contrairement à ses prédécesseurs, le lifting proposé par rien de moins que Jon -IronMan- Favreau n'inclut pas de revisite du conte. La version numérisée (évidemment aucun animal n'était présent sur le tournage...) suit donc à la lettre la version animée, à ceci près qu'elle remplace la fantaisie par un côté imposant. Car le moins que l'on puisse dire c'est que la transposition en images "réelles" de tous ces animaux de la jungle a de quoi impressionner. Exit leurs joyeuses excentricités et place à la violence d'un monde animal anthropomorphé. Cela éloignera des écrans les plus petits mais comblera certainement les plus grands.

Ce Jungle Book nouvelle formule constitue malgré tout un parfait conte initiatique, une aventure dont les effets sont bluffants de réalisme et dans laquelle on retrouve avec plaisir les personnages et chansons chers à notre coeur. Il manque malgré tout un brin de légèreté à ce récit qui reste du coup dans un entre deux un peu frustrant.

★★☆☆☆

Le Livre de la Jungle, Jon Favreau (sortie le 13 avril 2016)

Avec Neel Sethi et (les voix de) Ben Kingsley, Bill Murray, Idris Elba, Scarlett Johansson, Lupita Nyong'o, Christopher Walken - USA - 1h46

Synopsis

Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu.

A lire aussi :

Le Petit Poucet, Marina de Van (2010)
Blancanieves, Pablo Berger (2012)
Blanche-Neige, Tarsem Singh (2012)
Hansel et Gretel, Tommy Wirlola (2012)
Jack, chasseur de géants, Bryan Singer (2013)
La Belle et la Bête, Christophe Gans (2014)
Maléfique, Robert Stromberg (2014)
Pan, Joe Wright (2015)
Into the Woods, Rob Marschall (2015)
La Belle et la Bête, Bill Condon (2017)

On reste dans les années d'après-guerre mais cette fois de l'autre côté de l'atlantique. L'histoire du procureur Fritz Bauer incarne la difficile période de reconstruction d'une Allemagne profondément divisée et où les "anciens" nazis, loin d'avoir répondu de leurs actes devant la justice, sont restés au pouvoir. Entre corruption et corporatisme, les élites de l'Allemagne font en sorte que les enquêtes à leur encontre n'aboutissent jamais.

Cette période d'après-guerre est au coeur du cinéma allemand en ce moment : le sujet de la reconstruction a été abordé par plusieurs films sortis récemment, dont notamment le très bon Phoenix de Christian Petzold, sous la forme d'un thriller amoureux presque hitchcockien, mais aussi au Labyrinthe du silence, qui s'intéressait déjà aux difficultés rencontrées par la justice face aux crimes nazis.

Fritz Bauer retrace les coulisses d'un événement historique, l'arrestation de Eichmann en Argentine et la façon dont laquelle le Mossad se retrouve à jouer un rôle essentiel dans cette affaire.

Le vrai Fritz Bauer est très peu connu de ce côté-ci du Rhin, preuve du peu de connaissance que l'on a ici des enjeux qui gouvernaient l'Allemagne de cette époque. Le film de Lars Kraume, dans un classicisme très sobre, comble quelques unes de ces lacunes et endosse surtout un rôle de mémoire pour des faits qui tendent à se diluer dans l'histoire.

La petite histoire rejoint néanmoins toujours la grande et c'est grâce à un duo d'acteurs généreux que l'on découvre les facettes d'humanité qui se cachent derrière les personnages historiques.

★★★☆☆

Fritz Bauer, un héros allemand (Der Staat gegen Fritz Bauer), Lars Kraume (sortie le 13 avril 2016)

Avec Burghart Klaußner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg - Allemagne - 1h46

Synopsis

En 1957, le juge Fritz Bauer apprend qu'Adolf Eichmann se cache à Buenos Aires. Les tribunaux allemands préfèrent tourner la page plutôt que le soutenir. Fritz Bauer décide alors de faire appel au Mossad, les services secrets israéliens.

Retour sur une période sombre pour le cinéma américain, accusé de propagande communiste en pleine guerre froide. Dalton Trumbo décrit le grand cirque paranoïaque qui a envahi les USA dans les années 50/60 et son impact sur l'industrie du cinéma.

Le film de Jay Roach n'apprendra pas grand chose pour qui est vaguement familier de ce que fût le Maccarthysme, mais il met toutefois en images quelques anecdotes que l'on aura plaisir à découvrir. Car le réalisateur d'Austin Powers n'a pas laissé toute trace d'humour derrière lui avec ce biopic, dans lequel il choisit de mettre en lumière l'absurdité des situations et des réactions des stars de l'époque.

Construit sans grande originalité selon les règles classiques du film biographique, Roach ne révolutionnera pas le genre avec ce portrait par ailleurs plutôt clément de l'homme de l'ombre d'Hollywood. Un brin simpliste (l'explication des enjeux et des concepts ne dépasse pas le stade maternelle, comme cet instant-pédagogie ou Trumbo explique le communisme à sa fille de 5 ans : "Tu as un sandwich et ta copine n'en a pas : tu gardes tout pour toi, tu lui vends une part ou bien tu partages ?"), le film de Roach use d'un ton certes faussement irrévérencieux mais malgré tout très plaisant.

Cerise en or sur le gâteau, Bryan Cranston donne corps (immergé dans l'eau) et vie à un personnage que l'on devine haut en couleurs. Merveilleux dans tous les registres, l'acteur poursuit son irrésistible ascension d'Hollywood.

Bref, on n'ira pas voir le film pour sa pédagogie mais pour son énergie et pour se régaler une fois de plus devant le jeu tout en triste ironie du génial Cranston.

★★★☆☆

Dalton Trumbo (Trumbo), Jay Roach (sortie le 27 avril 2016)

Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren, Elle Fanning, Louis CK, John Goodman - USA - 2h04

Synopsis

Hollywood, la Guerre Froide bat son plein. Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d’être communiste. Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler. Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction. En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.