J'avais snobé White God lors de sa projection dans le cadre du Festival du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS), car j'avais quelques réserves sur le concept de Fable-de-la-fontainiser le cinéma en faisant interpréter par des chiens une révolte humaine symbolique. Ça me semblait casse-gueule. Et puis le film a été primé par le jury et bien accueilli à sa sortie alors j'ai décidé de lui laisser une chance.
Chance que White Dog n'a pas saisie, confirmant très vite toutes les réserves que j'avais en septembre. Damned, quelle déception !
Le film se déroule dans une société hongroise de laquelle sont bannis les chiens de race non pure - Attention, la métaphore est subtile. Ces chiens sont chassés par leur maîtres qui ne peuvent payer les lourdes taxes qui leur sont imposées et finissent, au mieux à la fourrière pour y être euthanasiés, au pire entre les mains de réseaux mafieux qui les exploitent avec cruauté. Tout d'abord pacifiquement résignés, les chiens finissent par se rebeller sous l'impulsion de Hagen, molosse au coeur tendre.
Evidemment, le sujet est intéressant et montrer que la misère ne disparaît pas parce que l'on refuse de la voir et que, réprimée et sans appui, elle alimente les réseaux mafieux ravis de cette aubaine, est un thème certes pas nouveau mais malheureusement toujours d'actualité.
Et devant la profusion d'images, terribles, auxquelles ont a fini par s'habituer et s'endurcir, contourner notre résistance en incarnant cette réalité par les animaux qui nous sont les plus proches, c'est habile ! La Fontaine en son temps ne faisait pas mieux !
Oui mais voilà, avoir une bonne idée ne suffit pas toujours. Encore faut-il l'exploiter jusqu'au bout et de façon cohérente. C'est là le gros défaut de White God.
Car le film regorge de bonnes idées et de plans fabuleux à l'image de cette ville désertée envahie soudain par les chiens, mais sa grande erreur est d'avoir à la fois humanisé les chiens, tout en leur conférant malgré tout des problématiques canines. Le film balance alors entre deux eaux sans jamais parvenir à prendre position ; c'est bancal et ça ne fonctionne plus.
Ainsi, tout le pan de l'histoire de Lily, que l'on suit en parallèle de Hagen alors qu'elle tente de le retrouver, n'a rien à faire dans un film social. On comprend bien que cette dychotomie est là pour contrebalancer la réalité de Hagen, pour nuancer le propos et montrer que "not all humans" are bad... mais dans ce cas il aurait alors fallu rester dans le même registre. La métaphore ne peut pas fonctionner que dans un sens !
Car de l'autre côté la rébellion, très anthropomorphique, des chiens tombe comme un cheveu dans la soupe de la chronique familiale qu'est la partie consacrée à Lily.
Bref, Mundruczo ne sait visiblement pas sur quel pied danser et s'éparpille dans deux directions opposées et le sentimentalisme malvenu qui en découle est par moment franchement insupportable !
On aurait, à la limite, préféré que les chiens se déchaînent réellement, envahissant vraiment la ville au lieu de se focaliser sur une sorte de justice vengeresse assez étrange puisqu'elle ne concerne que Hagen. Mundruczo avait le matériau pour un excellent film choc, gore, puissant et contestataire. Et au lieu de ça on se retrouve avec une espèce de Belle et Sébastien hongrois... Tellement dommage !
★☆☆☆☆
White God, Kornel Mundruczó (sortie le 3 décembre 2014)
Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth - Hongrie - 1h59
Synopsis
Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la
population une lourde taxe sur les bâtards. Leurs propriétaires s’en
débarrassent, les refuges sont surpeuplés. Lili, 13 ans, adore son chien
Hagen, mais son père l’abandonne dans la rue. Tandis que Lili le
cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la
cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à
fomenter une révolte contre les hommes. Leur vengeance sera sans pitié.
Lili est la seule à pouvoir arrêter cette guerre.
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