Des petits bouts d'éternité

Coming home est à bien des égards un film étonnant. Si le point de départ de son récit est d'origine politique (un contestataire fait prisonnier lors de la révolution culturelle, revient chez lui après 20 ans de captivité pour découvrir que sa femme, amnésique, ne le reconnait pas), il n'est ici nullement question d'analyse ni de prise de position politique. C'est une démarche étonnante dont on se demande dans quelle mesure elle est spontanée, mais le film et son intrigue fonctionnent si bien qu'on ne s'y attarde pas.

Tout est amené dans la douceur et on sent la grande affection du réalisateur pour ses acteurs et pour son histoire. Le jeu de Gong Li, tout en subtilité comme à son habitude, est lui aussi empreint d'une douceur paisible malgré la lutte de son personnage contre l'oubli qui la gagne et dont elle réalise les dégâts.

Les plans sont magnifiques et les jeu avec la lumière qui affleure contribuent à cette impression de sérénité. On pense évidemment à Alzheimer avec la maladie inconnue de l'héroïne (on est a la fin du film dans les années 80), et on se demande finalement si la réflexion de Zimou n'est pas une analyse de la vieillesse et la sagesse qui l'accompagne. Avec les années qui passent, les ressorts politiques et les enjeux qui paraissaient si vitaux auparavant, s'estompent, ne laissant "que" la vie et l'âme qui l'anime. Il n'est probablement pas autant question de pardon ou d'amnésie que de langueur du temps qui passe.

Le film de Zimou est très beau et contrairement à ce que son thème pouvait laisser présager, pas plombant pour un sou. L'émotion est omniprésente mais ne submerge pas ; au contraire, elle laisse place à la sérénité de voir qu'en fin de compte au bout du chemin se trouve l'apaisement.

♥♥♥♥

Coming Home (Gui Lai), Zhang Yimou (sortie le 17 décembre 2014)

Avec Gong Li, Chen Daoming, Zhang Huiwen - Chine - 1h49

Synopsis

Lu Yanshi, prisonnier politique, est libéré à la fin de la Révolution Culturelle. Lorsqu’il rentre chez lui, il découvre que sa femme souffre d’amnésie. Elle ne le reconnait pas et chaque jour, elle attend le retour de son mari, sans comprendre qu’il est à ses cotés.

Complètement inculte sur ce qui concerne le rap, je connaissais tout juste Abd Al Malik de nom, parce qu'il est strasbourgeois. Et c'est en grande partie pour ça que je suis allée voir son film. Pour encourager la création alsacienne d'une part, pour voir comment il allait filmer nos banlieues d'autre part et puis histoire de découvrir la sienne, d'histoire justement.

Sur ces points je n'ai pas été déçue. Qu'Allah bénisse la France est un premier flm référencé qui a de la classe. Le noir et blanc est beau et met en valeur les quartiers, qu'il universalise. C'est le Neuhof mais ça pourrait être n'importe où. On sent évidemment la référence à La Haine de Kassovitz, mais sans recopiage ni transposition. Les choses ont changé depuis le milieu des années 90 et Abd Al Malik affirme son style et sa vision pour raconter son histoire.

Le film est rythmé, pointu et la voix off, tantôt musicale tantôt parlée/slammée, est judicieusement exploitée. L'histoire qu'il raconte en revanche, même si c'est celle, exemplaire, d'une réussite en dent de scie, écervelée par moment, d'un jeune de banlieue passionné de mots, parait finalement très égocentrée. Evidemment on suit le héros, le musicien, le réalisateur qui s'autoraconte, mais tout de même, un peu de recul et d'attention aux personnages secondaires aurait peut-être été judicieux. Quitte à romancer un peu la réalité puisqu'après tout il ne s'agit au fond pas d'un documentaire...

Ce côté auto-promo est un peu agaçant parfois puisqu'évidemment, il s'en sort, on le sait, on l'entend à la radio... et c'est bien l'un des seuls de la bande à y parvenir, quitte à se donner en exemple, en héros. Le côté caricatural, du langage de banlieue notamment, est parfois vraiment agaçant. On a par moment l'impression de se trouver devant un sketch et c'est un peu dommage.

Il s'agit toutefois dans l'ensemble d'un premier film vraiment abouti loin d'être négligeable. A découvrir pour faire connaissance avec un artiste intéressant.

★★☆☆☆

Qu'Allah bénisse la France, Abd Al Malik (sortie le 10 décembre 2014)

Avec Marc Zinga, Sabrina Ouazani, Larouci Didi - France - 1h36

Synopsis

Adapté du livre autobiographique de Abd Al Malik, "QU'ALLAH BENISSE LA FRANCE" raconte le parcours de Régis, enfant d'immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg. Entre délinquance, rap et islam, il va découvrir l'amour et trouver sa voie.

Made in Alsace
D'autres films tournés à Strasbourg

2014 touche à sa fin et avec elle, la Trilogie du Hobbit. Il était temps ! pourrait-on dire, tant le début de ce voyage inattendu, commencé il y a deux ans, devient flou dans nos mémoires... Il faut dire que Jackson a tellement étiré son film dans tous les sens que tout cela semble décousu.

Ce 3e volet est malheureusement celui de trop. Il avait été décidé en cours de production de scinder la 2e partie du film en deux et déjà cet choix laissait perplexe. A posteriori on se dit que Jackson a perdu son esprit de synthèse et semble incapable de couper dans l'accumulation de matière qu'il a filmée. Et si après le premier film, qui aurait déjà dû être amputé de 45 bonnes minutes, on avait encore quelques doutes sur la pertinence de ce découpage, ils sont allègrement levés dans ce dernier volet lorsqu'on découvre que l'apparition du très attendu Smaug se limite à un fugace survol pyrotechnique de 10mn. Le reste du film quant à lui est dédié à la bataille qui lui donne son nom. Près de 2h de bataille, c'est bien gentil : ça a beau être spectaculaire et magistralement orchestré, ça ne fait pas un film...

Plus que jamais, on sent la réticence de Jackson à quitter cet univers qui l'anime depuis près de 15 ans ! Et on le comprend, tant le monde créé par Tolkien est riche, vivant et cinégénique ! Mais trop c'est trop et mettre ses spectateurs dans un état qui frôle l'ennui devant une histoire aussi passionnante, ça relève du sacrilège...

L'autre problème du Hobbit de Jackson concerne la trilogie entière : c'est d'avoir eu la drôle d'idée de traiter le Hobbit comme le Seigneur des Anneaux. Or là où l'un était une fresque épique, sombre et effrayante, l'autre met en scène certes le même univers mais sous la forme d'un conte, destiné à un public jeunesse. Le ton des aventures du Hobbit et celles de la compagnie de l'anneau est radicalement différent et les péripéties du Hobbit (car ce sont bien cela, des péripéties!) sont joyeuses et abracadabrantes avant d'être tragiques. Dès lors, les raconter de la même façon reviendrait en quelque sorte à lire les aventures de Winnie l'Ourson avec une voix d'outre tombe. Les moments cocasses ou émouvants prennent alors un tout autre aspect, que la chute déséquilibre.

Malgré tout, ces films restent incontournables et constituent une adaptation visuellement époustouflante et inoubliable et à la hauteur de l’œuvre monumentale de Tolkien !

Le Hobbit : La bataille des cinq armées, Peter Jackson (sortie le 10 décembre 2014)

Avec Martin Freeman, Richard Armitage, Evangeline Lilly, Ian McKellen, Orlando Bloom, Cate Blanchett, Hugo Weaving, Christopher Lee, Aidan Turner, Ian Holm - Nouvelle-Zélande - 2h24

Synopsis

Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.

J'avais snobé White God lors de sa projection dans le cadre du Festival du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS), car j'avais quelques réserves sur le concept de Fable-de-la-fontainiser le cinéma en faisant interpréter par des chiens une révolte humaine symbolique. Ça me semblait casse-gueule. Et puis le film a été primé par le jury et bien accueilli à sa sortie alors j'ai décidé de lui laisser une chance.

Chance que White Dog n'a pas saisie, confirmant très vite toutes les réserves que j'avais en septembre. Damned, quelle déception !

Le film se déroule dans une société hongroise de laquelle sont bannis les chiens de race non pure - Attention, la métaphore est subtile. Ces chiens sont chassés par leur maîtres qui ne peuvent payer les lourdes taxes qui leur sont imposées et finissent, au mieux à la fourrière pour y être euthanasiés, au pire entre les mains de réseaux mafieux qui les exploitent avec cruauté. Tout d'abord pacifiquement résignés, les chiens finissent par se rebeller sous l'impulsion de Hagen, molosse au coeur tendre.

Evidemment, le sujet est intéressant et montrer que la misère ne disparaît pas parce que l'on refuse de la voir et que, réprimée et sans appui, elle alimente les réseaux mafieux ravis de cette aubaine, est un thème certes pas nouveau mais malheureusement toujours d'actualité.

Et devant la profusion d'images, terribles, auxquelles ont a fini par s'habituer et s'endurcir, contourner notre résistance en incarnant cette réalité par les animaux qui nous sont les plus proches, c'est habile ! La Fontaine en son temps ne faisait pas mieux !

Oui mais voilà, avoir une bonne idée ne suffit pas toujours. Encore faut-il l'exploiter jusqu'au bout et de façon cohérente. C'est là le gros défaut de White God.
Car le film regorge de bonnes idées et de plans fabuleux à l'image de cette ville désertée envahie soudain par les chiens, mais sa grande erreur est d'avoir à la fois humanisé les chiens, tout en leur conférant malgré tout des problématiques canines. Le film balance alors entre deux eaux sans jamais parvenir à prendre position ; c'est bancal et ça ne fonctionne plus.

Ainsi, tout le pan de l'histoire de Lily, que l'on suit en parallèle de Hagen alors qu'elle tente de le retrouver, n'a rien à faire dans un film social. On comprend bien que cette dychotomie est là pour contrebalancer la réalité de Hagen, pour nuancer le propos et montrer que "not all humans" are bad... mais dans ce cas il aurait alors fallu rester dans le même registre. La métaphore ne peut pas fonctionner que dans un sens !

Car de l'autre côté la rébellion, très anthropomorphique, des chiens tombe comme un cheveu dans la soupe de la chronique familiale qu'est la partie consacrée à Lily.

Bref, Mundruczo ne sait visiblement pas sur quel pied danser et s'éparpille dans deux directions opposées et le sentimentalisme malvenu qui en découle est par moment franchement insupportable !

On aurait, à la limite, préféré que les chiens se déchaînent réellement, envahissant vraiment la ville au lieu de se focaliser sur une sorte de justice vengeresse assez étrange puisqu'elle ne concerne que Hagen. Mundruczo avait le matériau pour un excellent film choc, gore, puissant et contestataire. Et au lieu de ça on se retrouve avec une espèce de Belle et Sébastien hongrois... Tellement dommage !

White God, Kornel Mundruczó (sortie le 3 décembre 2014)

Avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth - Hongrie - 1h59

Synopsis

Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Leurs propriétaires s’en débarrassent, les refuges sont surpeuplés. Lili, 13 ans, adore son chien Hagen, mais son père l’abandonne dans la rue. Tandis que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à fomenter une révolte contre les hommes. Leur vengeance sera sans pitié. Lili est la seule à pouvoir arrêter cette guerre.

A Girl At My Door est de ces films étonnant que l'on apprécie sans trop savoir pourquoi tant sur le papier tout semble plaider en sa défaveur. Intrigue lourde, narration sans rythme, personnages abscons et regard sombre sur la société Coréenne. L'ensemble a de quoi plomber, mais étrangement ça fonctionne parfaitement.

Le personnage de la jeune commissaire est montré avec tendresse et l'on s'attache malgré soi à cette jeune femme énigmatique et un peu austère dont les fêlures ne se révèlent qu'à demi-mot. Tout le film fonctionne d'ailleurs ainsi : des images douces pour des faits durs, filmés tout en subtilité, jamais de façon frontale mais toujours avec tendresse. C'est sans doute cela qui nous prend par la main et nous emmène dans l'intimité d'une Corée rurale et sans prestige, que l'on découvre au travers des yeux d'une femme qui peine à y trouver sa place.

A Girl At My Door est un premier film énigmatique, qui se découvre petit à petit. On quitte la salle avec l'impression d'avoir entendu un secret chuchoté à l'oreille, sans être bien certain d'en avoir saisi les détails.

★★★☆☆

A Girl At My Door (Dohee-Ja), July Jung (sortie le 5 novembre 2014)

Avec Bae Doo-Na, Hie-Jin Yang, Sae-Ron Kim - Corée du Sud - 1h59

Synopsis

Suite à un incident, Young-Nam, jeune commissaire de Séoul est mutée dans un petit village côtier. Dès son arrivée, elle croise Dohee, une adolescente dont l’attitude renfermée l’intrigue. Elle constate rapidement que la jeune fille est victime de violences quotidiennes. Pensant la protéger, elle s’engage dans une relation qui la met en danger …

Sur le papier, Puzzle avait tout pour plaire. Un casting luxueux, un thème intrigant, et un réalisateur reconnu pour ses scénarios. Autant dire que la déception, qui pointe très rapidement devant les facilités empruntées par ce puzzle sans relief, est énorme.

Haggis revient avec Puzzle à ce qui a fait ses preuves par le passé : une narration en patchwork, dont les intrications permettent aux personnages d'interagir et d'évoluer. Lorsque c'est maitrisé, cela peut être électrisant. Il n'en est rien ici.

Tout le film est plombé par une lourdeur incompréhensible. Les stars du casting, mal dirigées sans doute, cabotinent à tout va dans les rôles creux de personnages absolument pas crédibles. Quant aux effets de styles, répétés à chaque transition, ils deviennent vite absolument insupportables. Ces travellings qui commencent à Rome pour s'achever à Paris et vice-versa sont pénibles et sans fondement.

Le twist final, que l'on sent grosso modo venir dès le tiers du film, ne rendra pas l'ensemble plus digest a posteriori, comme c'est parfois le cas. Bref un film raté, long et sans consistance dont on se demande à la fin comment on a réussi à ne pas quitter la salle en cours de route.

Puzzle (Third Person), Paul Haggis (sortie le 19 novembre 2014)

Avec Liam Neeson, Adrien Brody, Mila Kunis, Olivia Wilde, James Franco, Kim Bassinger - USA - 2h17

Synopsis

Puzzle raconte trois histoires d’amour, de passion, et de trahison qui se déroulent à New York, Paris et Rome.
Michael, écrivain lauréat du Prix Pulitzer, s’est enfermé dans la suite d’un hôtel parisien pour achever son dernier roman. Il a récemment quitté sa femme Elaine  et il entretient une liaison orageuse avec Anna, une jeune romancière ambitieuse.
Scott, homme d’affaires peu scrupuleux, est en Italie pour voler leurs modèles à des maisons de couture. Alors qu’il cherche un restaurant, il tombe sur Monika, tzigane d’une beauté à couper le souffle, qui s’apprête à récupérer sa petite fille. Mais quand elle s’aperçoit qu’on lui a volé l’argent qu’elle avait économisé pour payer le passeur, Scott se sent obligé de lui venir en aide. Ils mettent alors le cap sur une ville du sud de l’Italie mais Scott commence à se demander s’il n’est pas la victime d’une escroquerie.
Julia, ancienne actrice de feuilletons télé, se bat avec son ex-mari Rick, célèbre artiste new-yorkais, pour obtenir la garde de son fils de 6 ans. Entre la suppression de sa pension alimentaire et ses frais d’avocat, Julia en est réduite à travailler comme femme de chambre dans l’hôtel de luxe où elle avait l’habitude de séjourner autrefois. L’avocate de Julia, Theresa, a réussi à lui obtenir l’audience de la dernière chance dans l’espoir de se voir enfin confier la garde de son fils.
Trois histoires qui vont se révéler liées par un secret…

Grosse ambition pour Jimenez, qui ne cache pas ses influences et lorgne du côté d'un Scorcese ou Friedkin des 70's. Les références sont là, le budget aussi et tout le monde met le maximum pour aboutir à un film de french gangsters soigné et crédible.

Le cinéma français est tellement imbu de lui-même parfois, que ça fait fichtrement du bien quand un réalisateur se prend au sérieux tout en se donnant les moyens de coller à son ambition. La French est de ces films, trop rares sur nos écrans, qui parviennent à allier un côté grand public sans brader son talent. Jimenez sait y faire et sa French vaut le détour.

Reconstitution bluffante d'un Marseille des 70's rongé jusqu'à l'os par le trafic de drogue, La French met en scène dans une ambiance aux couleurs ouatées et jaunies, plus que l'affrontement de deux hommes, celui de valeurs. Jean Dujardin incarne avec talent le juge à l'intégrité désespérée, seul contre tous dans un milieu où même la police a renoncé. Son charisme et sa carrure siéent parfaitement à l'ambivalence de l'homme qui veut un monde meilleur pour ses enfants et sait que se battre pour cela peut l'empêcher de les voir grandir.
Gilles Lellouche n'est pas en reste même si un peu en retraite du fait de la discrétion relative de son personnage, qu'il interprète avec une ferme sobriété.

Alors certes on reste en terrain connu et ce n'est pas avec ce film que Jimenez va révolutionner le paysage cinématographique ni le film de gangsters. Les codes sont respectés et si ce n'est le voyage temporel diablement réussi, l'ensemble reste très classique. Preuve qu'il n'est pas forcément nécessaire d'en faire des tonnes pour ce ça fonctionne.

♥♥♥

La French, Cédric Jimenez (sortie le 3 décembre 2014)

Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Benoit Magimel, Céline Sallette - France - 2h15

Synopsis

Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes.

En plein hiver alsacien et avec la grisaille qui s'installe, la morosité gagne du terrain... C'est le moment de réagir et c'est bien à cela que servent les films de Noël et leur overdose sirupeuse de guimauve et de bons sentiments. Ah qu'il est doux de se faufiler sous la couette ou dans une salle obscure pour absorber sa dose de bonne humeur cocoonesque !

Paddington est de ces films : parfait film de Noël qui ravira toutes les générations, à voir en salles cette année et à mettre sur son étagère de films familiaux pour les années suivantes. On y retrouve le célèbre ours Paddington, décliné sous toutes les formes possibles de produits dérivés mais à l'origine héros de livres jeunesse so brittish, dont est inspiré ce long métrage.

L'intrigue est plutôt basique et n'est pas sans rappeler certains des Disneys les plus célèbres. Ses ressorts permettent avant tout de distiller la petite morale gentillette sur le partage, le pardon et l'acceptation des différences, mais aussi de mettre en scènes quelques scènes tordantes à destination des plus petits.

Les décors splendides d'un Londres "féérisé" évoquent par moments l'ambiance d'Harry Potter et l'on sent l'influence de la poésie de Wes Anderson dans beaucoup de scènes. Les personnages secondaires loufoques sont brillants et constituent le grand atout de ce film délicieux. La diabolique réincarnation de Cruella d'Enfer permet notamment à Nicole Kidman d'enfin sortir des rôles gnan-gnan de ses derniers films.

Bref, un film parfait pour les fêtes, ne loupez pas ce bon moment à partager en famille !!

★★★★☆

Paddington, Paul King (sortie le 3 décembre 2014)

Avec Hugh Bonneville, Sally Hawkins, Nicole Kidman et la voix de Ben Whishaw - GB - 1h35

Synopsis

Paddington raconte l'histoire d'un jeune ours péruvien fraîchement débarqué à Londres, à la recherche d'un foyer et d'une vie meilleure. Il réalise vite que la ville de ses rêves n'est pas aussi accueillante qu'il croyait. Par chance, il rencontre la famille Brown et en devient peu à peu un membre à part entière.

Attirée par l'affiche, devant laquelle il est difficile de ne pas penser à Drive, avec ses lumières bleutées, son titre et le personnage principal que l'on devine héros solitaire, et par quelques critiques élogieuses, j'ai jeté un oeil du côté de l'intrigant Nightcall.

On y découvre un Jake Gyllenhaal au physique émacié, inquiétant personnage dépourvu de moralité, qui de combine en menus larcins décide un jour de se lancer dans le juteux commerce des videos trash qui alimentent les matinales des JT américains.

La comparaison avec Drive s'arrête bien vite, pour s'orienter vers la critique d'un système bien rodé dans lequel les médias font l'actualité, occultant certains éléments pour en mettre d'autre sous les projecteurs afin de drainer une audience hypnotisée devant son poste. Cette critique est la force mais aussi la grande faiblesse du film.

Tout repose ici sur un jugement, que le réalisateur force à porter sur son personnage. Détestable à tout point de vue, il incarne tout les travers sensationnalistes de la société (américaine, mais on y vient...), et il le fait à fond. Jake Gyllenhaal est glaçant dans ce rôle de sociopathe manipulateur et froid, qu'il incarne à la perfection.

Malheureusement, en mettant cartes sur table dès le début de son film, Dan Gilroy (scénariste du très peu inspiré Bourne : Legacy, ceci explique probablement cela) grille ses cartouches avant même d'avoir développé son intrigue. Les personnages n'offrent que peu de progression, si ce n'est l'escalade dans la froideur et la manipulation. Il aurait été intéressant de nuancer cela avec un peu de recul, en exploitant mieux le personnage de l'assistant par exemple. Au lieu de cela, on est assez rapidement devant un film frontal qui assène ses séquences avec un manque de subtilité évident.

Nightcall vaut néanmoins d’être vu, pour le rôle de Gyllenhaal et pour son thème original et traité avec une maitrise visuelle intéressante. Rythmé et efficace, sa construction sans temps morts tiendra en haleine le spectateur le plus fatigué !

★★★☆☆

Nightcall (Nightcrawler), Dan Gilroy (sortie le 26 novembre 2014)

Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Bill Paxton - USA - 1h57

Synopsis

Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n'aura aucune limite...

Après un premier film certes sans grande envergure mais néanmoins bien loin d'être raté, Mélanie Laurent revient avec un sujet un peu plus lourd et un film nettement plus dense. On l'attendait au tournant, on ne sera pas déçu !

L'histoire de ces deux lycéennes cache en effet bien plus que le simple thème du harcèlement scolaire. Manipulation, mythomanie, domination et dépendance affective, les sujets abordés sont riches et complexes ; on attend un film trouble et passionnant. Et on l'obtient en partie.

En partie seulement car si certaines scènes et certains effets de mise en scène sont proprement géniaux (et on n'attendait pas Mélanie Laurent dans ce registre, de la génialerie...), notamment les effets de lumière, le travelling horizontal devant l'appartement de Sarah, ou certains regards et dialogues, subtils et fins, dès lors que le film se lance dans la psychologie, il échoue complètement.

Le début du film annonce un récit initiatique : la sage Charlie rencontre Sarah la délurée et tandis que l'une ouvre les portes de la rébellion, l'autre offre un cadre pour canaliser son énergie. Lorsqu'arrive le point de rupture, on se prend à rêver que le film revête des accents de film noir, comme le flippant JF partagerait appartement de Schroeder. Il n'en sera rien, Mélanie Laurent préférant aborder son sujet sous l'angle du drame. C'est d'autant plus dommage que les situations sont relativement peu crédibles et les ressorts psychologiques dessinés à gros traits.

Malgré tout, Respire est un second film maîtrisé, qui place son auteure dans la liste des réalisatrices à suivre. Ses interprètes, Joséphine Japy et Lou de Laâge, sont fabuleuses et constituent le vrai atout de ce film ! Et on les retrouvera certainement d'ici quelques mois dans la liste des révélations aux Césars.

★★☆☆☆

Respire, Mélanie Laurent (sortie le 12 novembre 2014)

Avec Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré, Roxane Durand - France - 1h31

Synopsis

Décidément, le syndrome du Hobbit se propage à une vitesse incroyable dans le cercle des blockbusters franchisés... Après la Planète des singes, voilà qu'il touche Hunger Games !

Le syndrome du Hobbit ? Oui vous savez cette tendance à étirer un film sur plusieurs volets pour faire durer le plaisir (et engranger des recettes, mais ne soyons pas mesquins). C'est une démarche plutôt savoureuse en soi, mais lorsque cela concerne des films pour lesquels l'intrigue n'est pas suffisamment dense pour justifier plusieurs volets, ça commence à poser problème. C'est typiquement le cas pour le Hobbit, qui se serait contenté sans sourciller d'une seule partie, deux à la rigueur ; c'est également le cas de ce dernier volet de Hunger Games que d'aucuns ont jugé pertinent de découper en deux. Erreur.

Car si l'on est bien sûr ravis de retrouver Katniss en pleine rébellion pour un dernier combat, on regrette assez rapidement le manque de rythme de ce qui ne constitue finalement qu'une fade mise en bouche. Les scènes sont étirées et le propos répété à de nombreuses reprises, sans que cela n'apporte grand chose. Du suspense est artificiellement injecté (cette scène formidablement inutile lors de l'évacuation où la soeur de Katniss disparait pour aller chercher le chat...) et il ne se passe finalement pas grand chose.

Malgré tout, il subsiste dans ce début de la fin une réflexion intéressante sur la propagande et la mise en scène de la rébellion. Le plus grand mouvement n'est rien sans la visibilité offerte par des medias qu'il faut rallier à sa cause et de fait, lutter contre une forme de soumission en en intégrant une autre, voilà un thème intéressant ! Rajoutez à cela l'évocation de l'hypocrisie des medias dans un blockbuster hollywoodien : une jolie mise en abîme servie sur un plateau. Mais ces éléments ne suffiront malheureusement pas à passionner le spectateur qui restera sur sa faim, notamment devant l'absence de la flamboyance visuelle qui avait marqué les films précédents.

★★☆☆☆

Hunger Games : la révolte - Partie 1 (The Hunger Games - Mockingjay : Part 1), Francis Lawrence (sortie le 19 novembre 2014)

Avec Jennifer Lawrence, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Donal Sutherland - USA - 2h03

Synopsis

Katniss Everdeen s’est réfugiée dans le District 13 après avoir détruit à jamais l’arène et les Jeux. Sous le commandement de la Présidente Coin, chef du district, et suivant les conseils de ses amis en qui elle a toute confiance, Katniss déploie ses ailes pour devenir le symbole de la rébellion. Elle va se battre pour sauver Peeta et libérer le pays tout entier, à qui son courage a redonné espoir.

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