Des petits bouts d'éternité

Ah, c'est toujours un grand plaisir que de retrouver le Woody de l'année. Cinéaste dont la régularité d'horloger et la dense filmographie depuis près de 50 ans permet qu'on l'appelle par son prénom !

Depuis quelques années, le réalisateur a connu des hauts, très hauts, (Blue Jasmine) et des bas, très bas, (Midnight in Paris) ; on ne sait donc plus trop à quoi s'attendre et c'est avec un appétit curieux que l'on honore ce rendez-vous annuel pour découvrir de quoi la cuvée 2014 sera faite.

La barre était très haute après Blue Jasmine et il faut bien admettre que Magic in the Moonlight ne l'atteint pas. Mais le spectacle reste un vrai bonheur, tant on retrouve les codes et les manies que l'on aime chez Allen, agrémentés ici d'un zest de théâtralité qui n'est pas sans rappeler sa période "Accords et Désaccords" ou "Tout le Monde Dit I Love You". Bien moins grincheux que d'habitude, le film est d'une légèreté vraiment agréable et les lumières magnifiques et douces des extérieurs provençaux n'y sont pas étrangères. On se dirait presque que le pessimisme Woodyesque n'y est plus, mais ce serait se tromper.

Si l'intrigue manque sévèrement de pep's (heureusement qu'Emma Stone est là pour relever tout ça et donner un peu de saveur à un cast un peu molasson...) et ne constitue clairement pas l'atout principal du film, on découvre avec ravissement une ambiance plus détendue et une réflexion toute Allenienne sur le bonheur, l'amour, l'aveuglement plus ou moins consenti. Moins dédaigneux qu'auparavant, on sent le réalisateur s'intéresser à ces figures rayonnantes qui se jouent de la naiveté des uns et du pessimisme des autres pour naviguer dans un entre-deux lumineux et, peut-être, source de bonheur.

Et c'est en cela Magic in the Moonlight est véritablement magique : à 79 ans le réalisateur semble enfin découvrir la possibilité de surfer la vie...

Magic In The Moonlight, Woody Allen (sortie le 22 octobre 2014)

Avec Colin Firth, Emma Stone - USA - 1h38

Synopsis

Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo est le plus célèbre magicien de son époque, mais rares sont ceux à savoir qu’il s’agit en réalité du nom de scène de Stanley Crawford : cet Anglais arrogant et grognon ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l’avenir. Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d’Azur et se fait passer pour un homme d’affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de démasquer la jeune et ravissante Sophie Baker, une prétendue médium, qui y séjourne avec sa mère.