Des petits bouts d'éternité

On devine, déjà, les obsessions du réalisateur, qui s'attache à tout ce qu'un artiste doit sacrifier pour son art, aux amertumes de la vie, aux échecs et à l'ivresse de la performance.

Lalaland n'est finalement pas si éloigné de Whiplash, ni dans son thème, ni dans son rythme, parfaitement maitrisé, véritable harmonie entre les cadrages et mouvements de caméra et la musique. 

Mais ces similarités ne se dévoilent que petit à petit, l'air de rien et entraînent doucement le spectateur assez loin de ce qu'il pensait être venu voir. Car malgré ses clins d'oeils et références, et malgré les apparences, Lalaland n'est pas tout à fait une comédie musicale. Les pas de danse des acteurs se font plus discrets au fur et à mesure que le film se déroule, comme une flamme qui s'étiole doucement, et petit à petit le film romantique se mue en quelque chose de plus rude. Entrent en scène les renoncements, les grains de sable dans les rouages, les échecs et la douleur.

Whiplash était un film de lutte, Lalaland est un film de renonciation, mais tous deux s'accordent sur le côté impitoyable de l'art qui dévore l'artiste tout autant qu'il le nourrit.

En fin de compte Chazelle aura eu le talent de rassembler un public hétéroclite devant un film auquel aucun d'entre eux ne s'attendait tout à fait. Il devient rare de se faire surprendre dans une salle obscure, ce petit souffle d'air frais est réellement le bienvenu !

★★★★☆

Lalaland, Damien Chazelle (sortie le 25 janvier 2017)

Avec Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend - USA - 2h08

Synopsis

Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?