Grave, Julia Ducournau (2016) [FEFFS2016]


Et sinon Grave, c'était bien ?
Ben non en fait, pas trop. D'ailleurs c'est un peu pénible d'entendre tout le monde être aussi dithyrambique à son sujet, on en vient à se demander si les gens ont vu d'autres films avant ou si c'est le premier de leur vie....

Entre la subversion et le côté sulfureux, je ne sais pas si on a vu le même film... Je l'ai vu en festival et je m'attendais à voir quelque chose de lourd. J'avais déjà vu des films qui allaient loin et quand j'ai entendu ces histoires de gens qui avaient tourné de l'oeil je me suis dit que ça devait être bien gore, j'ai même hésité un peu avant d'y aller. Et en définitive, ce n'est pas DU TOUT gore. Et ça ne fait pas DU TOUT peur non plus. Et ce n'est pas un problème, au contraire mais justement pourquoi entretenir cette réputation, parfaitement usurpée, de film gore et subversif ??

Et à part ça, c'est comment ?
Ben c'est quand même très léger. Le thème est intéressant, et le début du film vraiment bien fichu. L'intro est parfaite, intrigante comme il faut pour qu'on ait envie d'en savoir plus, et les images séduisent instantanément. Dommage que ça s'arrête là.

Car assez vite Julia Ducournau enfile de gros sabots, qu'elle ne quittera plus. Rien de subversif dans son film, juste une gamine qui mange un peu de chair humaine comme si sa vie en dépendait. Ce qui aurait pu être une allégorie intéressante de n'importe quelle addiction, ou carrément aller plus loin dans la perversion et s'intéresser aux pulsions, se résume à une ado qui à peine installée en internat brise le carcan dans lequel ses parents l'avaient installée.
Oui, tout ça pour dire ça. Léger, je disais.
Il y avait pourtant une matière rêvée pour un récit initiatique beaucoup plus troublant et surtout moins explicatif que ça !

Car comme le film manque cruellement de sujet et de point de vue, tout est assez rapidement surligné de façon complètement artificielle et lourdaude. Bien souvent les scènes + dialogues + musique disent tous précisément la même chose en même temps, soit l'équivalent cinématographique du twin set... autant dire que j'estime qu'en 2017 on pourrait éventuellement passer à autre chose !

C'est tellement dommage car il y a du talent dans ce film ! Il y a du talent dans la mise en scène, dans la photographie, dans les actrices,... mais aucun n'est réellement mis au service du film qui finalement se résume un peu à un catalogue de compétences et surtout très très loin de toute forme de subversion annoncée.

Néanmoins, ce qui est très clairement un atout du film et est salué à juste titre, c'est que sa réalisatrice, une femme donc, se consacre au film de genre et qu'en plus elle choisisse de mettre en scène des femmes dans les rôles principaux. C'est malheureusement assez rare pour être souligné, et on est bien content de voir arriver de nouveaux talents dans ce secteur ! On espère vraiment voir d'autre films qui aillent dans ce sens, avec l'espoir que pour ses prochains films Ducournau laissera tomber les barrières et ira un peu plus loin. 

★★☆☆

Grave, Julia Ducournau (sortie le 15 mars 2017)
Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella - France - 1h38

Synopsis
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Rencontre
avec Julia Ducournau après la projection du film au Star St Exupéry à Strasbourg pour le FEFFS


Une cinéphile

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