Mon Roi, Maïwenn (2014)


Bon je voulais parler de Mon Roi depuis un petit moment mais en fait j'avais un peu de mal à savoir ce que je voulais en dire...

Le film représente plutôt bien mon rapport à Maïwenn d'ailleurs. D'un côté j'aime beaucoup sa force et sa capacité à livrer des choses intimes et justes mais d'un autre côté franchement elle a souvent une analyse des choses un peu fastoche et limite con-con parfois. Genre Polisse voyez, c'était bien OK mais c'était surtout d'une facilité à faire pleurer un saule quoi !

Eh ben ya un peu de ça dans Mon Roi.
D'un côté un sujet formidable, rude, violent et dont j'attendais beaucoup : la force destructrice qui se déguise en amour pour tout ravager. J'avais vraiment envie de voir ça, cette réalité brute.
Et puis d'un autre côté non, Mon Roi tombe sans son propre piège et ne montre qu'un personnage certes destructeur mais surtout complètement irréaliste, presque méprisant par rapport à la réalité de la vraie vie tant il est édulcoré !

On se retrouve donc devant l'histoire de cet homme, un gentil égoïste flamboyant qui rêve trop grand et se brûle les ailes et d'une femme qui se laisse envoûter par des rêves qui ne sont pas les siens. Evidemment elle finit par s'en rendre compte et oh elle lutte bien un peu parce que merde il était beau ce rêve quand même, mais elle abandonne vite, sur blessure accidentelle.

Mais c'est pas ça qu'il fallait montrer, pas ce couple un peu hystérique qui se déchire à force de superficialité ! Il fallait creuser, aller voir au fond du trou et dénicher la perversion et la manipulation et cette pourriture douceâtre qu'on finit par prendre pour de l'amour. C'est ça qu'il fallait exposer au grand jour, dans un grand bûcher, exorcisme public de la dépendance à la souffrance ! Il fallait décortiquer l'attachement à son bourreau, les mécanismes inconscients de l'emprise, les rouages de la domination qui se mettent en marche. Il fallait regarder au-delà des apparences et de la facilité pour pouvoir tenir un discours qui dépasse un peu la caricature mièvre du couple qui "se détruit par amour". Bon sang c'est tellement cliché qu'on se croirait dans les pages psycho d'un magazine féminin...

Mais ça, creuser, Maïwenn a vraiment du mal à le faire et elle se contente ici d'explorer la surface et l'histoire d'amour malheureuse qu'elle raconte n'a finalement pas grand intérêt.

C'est dommage parce que vraiment le film est très loin d'être mauvais ! Et puis c'est un sujet qui n'a que très peu été abordé sous un angle autre que thriller et Maïwenn avait, sur le papier, tous les éléments pour faire un film du feu de dieu ! A commencer par un talent de conteuse et une maîtrise de l'image assez phénoménale. Alors oui là aussi ça reste simple, pas de fioritures ni vraiment de style au fond, mais ça fonctionne si bien que pourquoi chercher plus loin ?

Au final on se retrouve devant un film pas déplaisant, que l'on regarde sans vraiment s'y plonger mais avec plaisir tout de même. Il faut dire qu'il doit beaucoup à ses interprètes, que ce soit Vincent Cassel dans son éternel rôle de connard narcissique ou Emmanuelle Bercot, tous deux absolument parfaits dans des rôles à l'alchimie évidente. Et Louis Garrel qui apporte une touche de comédie bienvenue avec le meilleur personnage du film ! Ils entraînent le spectateur dans l'exubérance d'une histoire d'amour perdue d'avance que l'on reconnaîtra tous un peu ; et c'est déjà pas mal...

★★★☆☆

Mon Roi, Maïwenn (sortie le 21 octobre 2015)
Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel - France - 2h04

Synopsis
Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …


Une cinéphile

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