Bienvenue à Suburbicon, George Clooney | ★★☆☆☆


On commence à connaître le goût de George Clooney pour les comédies acides et décalées, tout autant que pour les chroniques socio-historiques. Ce n'est donc pas une surprise de le retrouver aux commandes de cette comédie caustique bien ancrée dans les 50's, qui décapite joyeusement dans le sang et la perversion, l'american way of life ou plutôt ce qui se cache derrière les façades proprettes des suburbs.

Bienvenue à Subirbicon évoque immédiatement l'ambiance des films des Frères Coen, dont on retrouve le goût pour les décors désuets et les traits d'humour noir. S'y ajoute la dénonciation, chère à Clooney, du racisme encore bien ancré dans une Amérique blanche aisée qui redoute plus que tout de devoir partager son monde avec des "colored people".

Si l'on comprend assez bien où Clooney veut en venir avec son film, qui se présente sous une forme de dyptique avec d'un côté la descente aux enfers d'une famille bien sous tous rapports qui se révèle pourrie jusqu'à la moelle et de l'autre une famille noire confrontée à l’hostilité de ses voisins, on a un peu plus de mal à comprendre ce qui unit ces deux versants de l'histoire qu'il raconte.

Il manque en effet beaucoup de liant et un peu plus d'envergure à son film pour s'imposer réellement comme un film politique et dépasser la simple fable surannée. A l'évidence, Clooney a des choses à dire, et il a clairement le bagage culturel et cinéphile pour le dire avec panache. Il lui manque encore un style qui lui soit propre pour entrer de plein pieds dans la cour des grands.

En attendant, on suit avec délice les mésaventures d'un Matt Damon plus impénétrable que jamais, qui à défaut de revêtir toute l'ampleur politique souhaitée par son réalisateur, incarne à merveille le vieil adage "Bien mal acquis ne profite jamais".

★★

Bienvenue à Suburbicon, George Clooney (sortie le 6 décembre 2017)
Avec Matt Damon, Julian Moore, Noah Jupe - USA - 1h44

Synopsis
Suburbicon est une paisible petite ville résidentielle aux maisons abordables et aux pelouses impeccablement entretenues, l’endroit parfait pour une vie de famille. Durant l’été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain dans cette parcelle de paradis. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité tout autre faite de mensonge, de trahison, de duperie et de violence... Bienvenue à Suburbicon.

Une cinéphile

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