Des petits bouts d'éternité

C'est avec grand plaisir qu'on retrouve un Ken Loach toujours aussi engagé, dont les films dénoncent l'absurdité d'une société obscurantiste qui n'a de cesse de stopper le progrès et l'ouverture d'esprit.

Ce genre de film serait malheureusement un peu moins démoralisant si, plus de 100 ans après les faits qu'il dénonce, les choses avaient un peu changé. Mais lutte après lutte, une certaine partie de la société semble s'accrocher toujours aussi farouchement à ses idées rétrogrades, servant décennie après décennie les mêmes discours puants, tout en se félicitant par ailleurs des progrès obtenus contre leur gré par le passé.

Bref un film inspirant... mais déprimant aussi !

★★★☆☆

Jimmy's Hall, Ken Loach (sortie le 2 juillet 2014)

Avec Barry Ward, Jim Norton, Simone Kirby, Brian O'Byrne - GB - 1h46

Synopsis

Évocation du destin de Jimmy Gralton, leader communiste irlandais qui émigra aux Etats-Unis en 1909, avant de revenir dans son pays et d'y créer en 1921 un dancing. A cause des réunions politiques organisées dans ce lieu, les communistes et l'Eglise catholique s'affrontèrent violemment. Jugé indésirable, Jimmy Gralton fut déporté en Amérique en 1933 -cas unique dans l'histoire du pays.

Le Conte de la Princesse Kaguya est définitivement la chose la plus merveilleuse que j'ai pu voir au cinéma. L'animation est purement magnifique, d'un crayonné poétique si vivant et si doux qu'on tombe instantanément amoureux des images et des personnages !

L'histoire est mignonne comme tout, tragique et belle, même si ce n'est pas le point fort de ce splendide film d'animation que je recommande à tous (pas forcément aux petits, le thème est plus adapté aux plus grands - je pense -).

Un film totalement magique dont la scène de fuite vaut à elle seule d'être vue et revue à l'infini !

A découvrir sans tarder !!

★★★★☆

Le Conte de la Princesse Kaguya (Taketori Monogatari), Isao Takahata (sortie le 25 juin 2014)

Animation - Japon - 2h17

Synopsis

Adapté d’un conte populaire japonais "Le couper de bambou", un des textes fondateurs de la littérature japonaise, Kaguya, "la princesse lumineuse", est découverte dans la tige d'un bambou par des paysans. Elle devient très vite une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent : ceux-ci vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main.

Difficile de parler de ce Théorème Zéro...

Mon affection éternelle pour Terry Gilliam a toujours un peu de mal à se remettre du fait que je n'adhère plus vraiment à ses films et ce dernier-né synthétise finalement très bien ma relation ambivalente avec son oeuvre récente.

Autant je suis fascinée par l'homme, ses obsessions, ses délires, sa façon d'imbriquer les choses entre elles telles de minuscules et très complexes mécanismes ; tout cela relève du génie et se retrouve dans ses films, forcément géniaux aussi.

Autant par ailleurs je n'arrive plus à m'y retrouver avec le cinéaste, qui met tout ce fatras en image de façon bien trop fouillis pour qu'il en sorte quelque chose de fort. Tout est dilué, noyé dans une masse d'où s'échappe la sensation d'un chef d'oeuvre inexploité, tel un diamant jamais raffiné...
 

On sort de Théorème zéro avec l'impression triste d'avoir passé 2h (1h47) à discuter avec un papi gaga dont les grandes théories nous fascinaient autrefois : attendri mais triste.

★★☆☆☆

Théorème Zéro (Zero Theorem), Terry Gilliam (sortie le 25 juin 2014)

Avec Christoph Waltz, Tilda Swinton, Ben Whishaw, Mélanie Thierry, David Thewlis, Matt Damon

Synopsis
En proie à des névroses existentielles, un pirate informatique cherche à découvrir les raisons de l'existence de l'Homme mais il est continuellement interrompu dans son travail par ses supérieurs. Cette-fois ci, ils le distraient en lui envoyant un adolescent et une femme troublante dont il tombe amoureux.

Encore un film que je n'avais aucune intention d'aller voir, avant de découvrir que Nick Cassavetes, fils de John et surtout réalisateur du vraiment réussi Notebook, était aux commandes.

Malheureusement bien loin d'être à la hauteur de mes attentes en termes de comédie romantique, Triple Alliance reste gentiment divertissant sans casser des briques ni proposer grand chose de neuf.

Un gros manque de cynisme, un peu trop politiquement correct surtout sur son épilogue, bref un consensus mou pas bien convainquant.

★☆☆☆☆

Triple Alliance (The Other Woman), Nick Cassavetes (sortie le 18 juin 2014)

Avec Cameron Diaz, Leslie Mann, Kate Upton, Nicolaj Coster-Waldau, Taylor Kinney, Nicki Minaj - USA - 1h48

Synopsis

Carly découvre par hasard que Marc, son petit copain, est en fait marié à Kate. Même si la situation a tout pour les opposer, Carly (la maîtresse) et Kate (l'épouse) nouent des liens d'amitié, qui se renforcent lorsqu'elles réalisent que Marc a une seconde maîtresse prénommée Amber. Ensemble, les trois femmes s'associent pour comploter une vengeance...

Transcendance, c'est le film dont le gros potentiel, sur le papier, devait donner quelque chose de vraiment bien et qui passé les 15/20mn de mise en situation, s'enlise tristement dans la médiocritude (oui c'est au-delà de la médiocrité...).

Les films de science-fiction se font assez rare en depuis quelques temps et celui-ci commençait un peu sur le même ton que le dernier Planète des singes, qui s'est avéré une vraie réussite. Et puis ça bascule dans l’invraisemblance la plus complète et la surenchère de n'importe quoi. Le sort des personnages, dévoilé dans les 1eres secondes du film, nous laisse complètement indifférent et on attend la fin sans ennui ni intérêt.

A zapper sans regrets : ce sera bien pour un soir d'ennui à la TV...

★☆☆☆☆

Transcendance (Transcendence), Wally Pfister (sortie le 25 juin 2014)

Avec Johnny Depp, Rebecca Hall, Paul Bettany,  Morgan Freeman, Kate Mara - USA/GB - 2h00

Synopsis

Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologie qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour "transcender" l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?  

Le dernier Clint Eastwood, biopic musical retraçant l'ascension du groupe The Four Seasons, ne surprendra guère les inconditionnels du monsieur, qui ne signe ici ni son premier biopic, ni son premier film musical et encore moins son premier film dont l'action se déroule dans les 60's.

Jersey Boys c'est finalement comme une synthèse de tous les aspects qui lui sont chers, western mis à part.

Et il faut bien avouer que c'est plutôt une réussite, un bel hommage qui met en valeur la musique du groupe et où l'ambiance rétro doucement nostalgique gagne le spectateur qui sortira de la salle en fredonnant joyeusement. Les clins d’œils sont nombreux, au monde du cinéma notamment, et on sent que Papi Clint (84 ans quand même) s'est amusé.

A voir pour l'ambiance musicale et le voyage dans le temps.

★★★☆☆

Jersey Boys, Clint Eastwood (sortie le  18 juin 2014)

Avec Christopher Walken, Vincent Piazza, James Madio, Sean Whalen - USA - 2h14

Synopsis
Quatre garçons du New Jersey, issus d'un milieu modeste, montent le groupe "The Four Seasons" qui deviendra mythique dans les années 60. Leurs épreuves et leurs triomphes sont ponctués par les tubes emblématiques de toute une génération qui sont repris aujourd'hui par les fans de la comédie musicale…

Un petit mot vite fait sur Super 8, diffusé à la TV ce soir...

Hommage au ciné de Spielberg par JJ Abrams, Super 8 parvient, malgré les effets en surdose (Monsieur Lost fait du Lost), à réveiller nos émotions cinéma d'enfant des 80's dans un film plein d'émotion et de charme.
A voir sans hésiter !

Super 8, JJ Abrams (sortie le 3 aout 2011)

Avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning, Riley Griffith - USA - 1h50

Synopsis

Eté 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu'ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d'une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accident. Peu après, des disparitions étonnantes et des événements inexplicables se produisent en ville, et la police tente de découvrir la vérité… Une vérité qu’aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer.

Film maudit, censuré à sa sortie en 82 par des gens ne l'ayant manifestement pas vu, White Dog est un film anti-raciste intelligent et bien plus fin que son synopsis ou les 1ere images ne le laissent présager.

Sous des airs de Série B pas bien maline, se cache un film militant dans lequel Fuller, cinéaste iconoclaste du rêve américain, s'interroge sur le caractère curable et la transmission du racisme. 

Dérangeant comme une poignée de poil à gratter au visage, White Dog mérite largement le détour et sa réhabilitation

♥♥♥♥

Dressé pour Tuer (White Dog), Samuel Fuller (sortie le 7 juillet 1982)

Avec Kristy McNichols, Christa Lang, Paul Winfield, Burl Ives - USA - 1981

Synopsis

Après s'être fait renversé par une voiture, un chien blanc, dressé pour attaquer les hommes de couleur, est recueilli par Julie, une jeune femme qui cherche à lui faire oublier la haine. 

Un film extraterrestre -c'est le cas de le dire- très graphique, épuré, où le sens cède sa place à une délicieuse sensation de flottement irréel. C'est ce que propose Under The Skin, voyage sensoriel et sonore dans une atmosphère magnétique, palpable, envoutante.

On suit les maraudes d'une Scarlett Johansson plus énigmatique que jamais, personnalité éthérée, incarnation corporelle qui déambule dans la nuit à la recherche d'hommes à 'consommer'. On en saura à peine plus et peu importe au fond, seule compte l'expérience ressentie, le voyage hypnotique dans un monde de faux semblants.

C'est certes parfois trop "arty" mais c'est aussi une oeuvre expérimentale hypnotique dont on ne peut détacher les yeux ; assurément décalée, définitivement à découvrir !!

♥♥♥♥

Under the Skin, Jonathan Glazer (sortie le 25 juin 2014)

Avec Scarlett Johansson, Paul Brannigan,

Synopsis

Une extraterrestre débarque sur Terre, prend l'apparence d'une séduisante jeune femme et part ainsi en quête de proies humaines forcément sensibles à son sex-appeal..

Énorme déception que ces "Two faces of January" !

Il faut dire que j'en attendais beaucoup : casting de rêve et surtout adaptation de Patricia Highsmith, spécialiste du thriller psychologique à qui l'on doit notamment "Le talentueux Mr Ripley" (*_*) !

Alors je ne sais pas dans quelle mesure le roman est responsable car je ne l'ai pas lu, mais le film fait preuve d'une espèce de non-suspense assez déroutant ; les interprètes font ce qu'ils peuvent pour donner du corps à une histoire dont les ressorts dramatiques sont proches du néant et le film se déroule sous les yeux avides du spectateur persuadé qu'un élément va relever tout ça et donner un sens à ce désastre. Et en fait non (petite musique d'échec) : on a beau gratter, il n'y a rien sous le vernis.

★☆☆☆☆

The Two Faces of January, Hossein Amini (sortie le 18 juin 2014)

Avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac - USA/France/GB - 1h36

Synopsis

1962. Un couple d’américains très élégants, le charismatique Chester MacFarland et sa jeune épouse Colette viennent d’arriver à Athènes. A l’Acropole ils font la rencontre de Rydal, un jeune guide touristique, américain mais parlant grec, arnaqueur de touristes à l’occasion. Séduit par la beauté de Colette et impressionné par l’argent et le raffinement de Chester, Rydal accepte sans hésiter leur invitation à dîner. Mais les Mc Farlands sont moins lisses qu’il n’y paraît. Dès son arrivée dans leur hôtel luxueux, Rydal est sommé par Chester de l’aider à déplacer le corps inanimé d’un homme, qui l’aurait soi-disant attaqué. Rydal accepte spontanément, mais les évènements s’enchaînent et il se retrouve vite entrainé dans un engrenage malsain, piégé. Son attirance de plus en plus grande pour la vulnérable Colette, qui y semble sensible, rend Chester fou de jalousie. La tension entre les deux hommes devient palpable, insoutenable. Leur voyage les entrainera de la Grèce à la Turquie, jusqu’à l’issue, terrible, dans le dédale d’allées du Grand Bazaar d’Istanbul.