Des petits bouts d'éternité

Ah tristesse, ah déception ! J'attendais tellement de ce nouveau super-héros irrévérencieux qui devait (enfin !) dépoussiérer un peu le genre, lequel croule un peu sous la variété de ses représentants en ce moment et dont, il faut bien le dire, je commence un chouilla à me lasser.

J'attendais beaucoup du pti bonhomme rouge et noir donc, et mes attentes ont été carrément déçues.

Tim Miller avait fait ses armes avec le déjà "méta" Scott Pilgrim, dont les personnages s'adressent eux aussi régulièrement à la caméra. Il récidive ici avec ce film en forme de clin d'oeil géant, sorte d'hommage satirique aux autres franchises Marvel. Le procédé de faire tomber le 4e mur au travers d'un personnage qui a conscience d'en être un est à nouveau très présent, et constitue malheureusement le seul et ultime ressort comique du film.

Du coup si les 20 premières minutes (annoncées par une scène d'ouverture au ralenti plutôt alléchante) sont particulièrement sympathiques, la suite du film se contente de servir les mêmes ficelles encore et encore jusqu'à épuisement du spectateur. L'humour est si appuyé qu'on finit par s'écrouler sous son poids. De son côté, Ryan Reynolds fait le job (un beau travail de doublage) et parvient même à s'auto-wincker pour son rôle de Green Lantern (lol).

Bref un film qui tombe (s'écrase) assez loin de ses ambitions : loin de renouveler le genre, il utilise avec une lourdeur que l'humour n'allège pas, tous les codes usés jusqu'à la corde des comics vus au cinéma ces dernières années. C'est dommage car le potentiel était évidemment bien là et qu'il y a matière à rire beaucoup avec ce personnage. L'idée de lui consacrer d'emblée un film était peut-être de trop. 

★★☆☆☆

Deadpool, Tim Miller (sortie le 10 février 2016)

Avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, Brianna Hildebrand - USA - 1h48

Synopsis

Deadpool, est l'anti-héros le plus atypique de l'univers Marvel. A l'origine, il s'appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d'un humour noir survolté, Deadpool va traquer l'homme qui a bien failli anéantir sa vie.

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Il y a des films comme ça, qui n'ont rien d'extraordinaire, ni sur le plan scénaristique, ni du côté de la mise en scène et qui pourtant tirent leur épingle du jeu. Médecin de campagne est de ceux-là.

La réussite du film tient beaucoup à la présence des acteurs : François Cluzet et Marianne Denicourt donnent corps et vie, lui à ce médecin que la maladie contraint à s'éloigner de son cabinet (un éloignement certes tout relatif) et elle à cette remplaçante qui découvre la médecine libérale. Mais elle tient aussi et surtout au témoignage que constitue cette histoire, comme une sorte d'état des lieux de la médecine rurale en France dans les années 2010. Car malgré tout les défauts de son film, Lilti est parvenu à livrer un témoignage juste et touchant.

Il se dégage de son film, sous une bonne couche de maladresse, beaucoup de tendresse pour ses personnages et une volonté de mettre en lumière les conditions de vie de ceux qui nous soignent. On découvre un envers du décor que l'on refuse souvent de voir et on s'attache irrésistiblement à à ces deux personnages, dont on partage les galères et les rires.

Malheureusement, le scénario relève plus d'un catalogue d'anecdotes, probablement vraies pour la plupart, et beaucoup de scènes et de dialogues s'empilent sans réel lien entre eux. C'est d'autant plus regrettable que le tableau qui est dressé est peut-être un peu trop cousu de fil rose pour refléter la réalité du terrain. A l'heure où les déserts médicaux gagnent du terrain en France, la facilité avec laquelle le héros du film trouve une remplaçante notamment, peut sembler quelque peu déconcertante.

Malgré tout, dans son ensemble le tableau dressé est juste et évite avec soin les écueils du film d'initié, pour parler au plus grand nombre. On aurait peut-être aimé quelque chose de plus pointu mais gageons que ce film restera dans les annales du cinéma, comme marqueur d'une époque et de la santé en France.

★★★☆☆

Médecin de campagne, Thomas Lilti (sortie le 23 mars 2016)

Avec François Cluzet, Marianne Denicourt, Felix Moati - France - 1h42 

Synopsis

Tous les habitants, dans ce coin de campagne, peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin qui les ausculte, les soigne et les rassure jour et nuit, 7 jours sur 7. Malade à son tour, Jean-Pierre voit débarquer Nathalie,  médecin depuis peu, venue de l’hôpital pour le seconder. Mais parviendra-t-elle à s’adapter à cette nouvelle vie et à remplacer celui qui se croyait… irremplaçable ? 

Décidément, Jeff Nichols ne fait jamais rien comme tout le monde ! Son incursion dans un registre fantastique (qu'il avait doucement effleuré du doigt avec Take Shelter) est si personnelle et absolue qu'elle teinte tout le film d'une aura délicieusement étrange.

Ponctué de scènes proprement sublimes, telle cette course-poursuite à l'aveugle aux antipodes de ce que l'on s'attend à voir ou ce satellite s'écrasant sur une station-service, Midnight Special déroute autant qu'il fascine.

On commence à cerner les obsessions qui hantent le réalisateur, elles sont de celles qui façonnent les vrais artistes : lien filial et émancipation, mysticologie du sud des US et surtout, en avant-plan de tout cela, un certain rapport à la foi. Mais là où Take Shelter laissait la porte ouverte jusqu'à la dernière image du film, Midnight Special ne laisse plus la place au doute et c'est probablement ce qui déstabilise le plus dans ce road movie crépusculaire et mystérieux, empreint d'un amour si inconditionnel qu'il soulève presque littéralement des montagnes.

Midnight Special n'est pas un film facile, c'est une découverte étrange à laquelle il faut vraiment donner sa chance, comme un bijou dont on aurait parfois du mal à définir l'éclat...

★★★★☆

Midnight Special, Jeff Nichols (sortie le 16 mars 2016)

Avec Michael Shannon, Kirsten Dunst, Adam Driver, Joel Edgerton, Jaeden Lieberher - USA - 1h51

Synopsis

Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.

Il n'est probablement pas inutile en ce moment, de se replonger un peu dans notre histoire et se remémorer notamment que notre passé a lui-aussi eu son lot de migrations...

Brooklyn est un très joli film qui raconte une histoire sans histoires, celle de Ellis Lacey et sa conquête de l'Amérique... Sa conquête d'elle même serait probablement une tournure plus appropriée tant ce récit (qui fait pleurer beaucoup - ou peut-être seulement ceux qui ont une soeur -) est celui d'un parcours initiatique. D'une petite vie "confortable" mais sans perspective ni avenir, Ellis bascule vers un nouveau monde où l'absence de repères et de cadre sont autant de portes ouvertes que de gouffres vers l'inconnu. Entre souffrance de l'exil et liberté enfin assumée, le personnage de Saoirse Ronan est assez attachant pour nous entraîner à sa suite dans cette nouvelle vie où tout est possible.

La photographie a juste ce qu'il faut de désuet et le charme avec lequel le New York des fifties est reconstitué donnera au film un petit côté de nostalgie emprunt d'une douce saveur de guimauve.

On passe un joli moment devant Brooklyn qui, même s'il n'a rien d'inoubliable, constituera une parenthèse bienvenue pour s'échapper deux heures durant, de la fureur du monde...

★★★☆☆

Brooklyn, John Crowley (sortie le 9 mars 2016)

Avec Saoirse Ronan, Domhall Gleeson, Emory Cohen - Irlande - 1h53

Synopsis

Dans les années 50, attirée par la promesse d'un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme lui fait vite oublier le mal du pays... Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays... et entre deux hommes.

Ah on l’attendait avec impatience cette comédie loufoque avec une star au centimètre carré de pellicule !! Et on n’est pas déçu du résultat même si la cuvée 2016 n’est clairement pas un grand cru Coen.

On s’amuse beaucoup, les comédien.ne.s de toute évidence aussi dans ce clin d’oeil géant et caustique à l’âge d’or des studios. Un chouette film pour un soirée qui fait du bien.

★★★☆☆

Ave Cesar (Hail, Cesar !), Joel & Ethan Coen (sortie le 17 février 2016)

Avec George Clooney, Josh Brolin, Tilda Swinton, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Scarlett Johannson, Channing Tatum, Frances McDormand, Jonah Hill - USA - 1h40

Synopsis

La folle journée d’Eddie Mannix dans les coulisses d’un grand studio Hollywoodien. Une époque où la machine à rêves turbinait sans relâche pour régaler ses spectateurs de péplums, de comédies musicales, d’adaptations de pièces de théâtre raffinées, de westerns ou encore de ballets nautiques en tous genres. Eddie Mannix est fixer chez Capitole, un des plus célèbres Studios de cinéma américain de l’époque. Il y est chargé de régler tous les problèmes inhérents à chacun de leurs films. Un travail qui ne connaît ni les horaires, ni la routine. La journée promet d’être mouvementée.