Le simplet Do-Joon est accusé du meurtre d’une jeune fille. Le coupable idéal étant souvent celui qui ne peut pas se défendre, il est emprisonné. Bien que tout semble l’accuser, la mère de Do-Joon ne baisse pas les bras et mène l’enquête à la place de la police. Elle est prête à tout pour innocenter son fils.
Joon-Ho Bong est un habitué des films à tiroirs, faux semblants et doubles fils de lecture. L’enquête policière n’est ici qu’un prétexte, tout comme l’était la grosse bébête de The Host. Dans les deux cas, il s’agit d’une chronique sociale, ou plutôt de l’illustration, sur fond de thriller ou de film à bestiole, de la Corée d’aujourd’hui. Aspect qui en fait des films extrêmement contemporains.
Mother est un film intéressant, ses multiples tiroirs s’ouvrent et se ferment de façon inattendue, prenant souvent le spectateur par surprise. Comédie, drame, thriller, film social, familial ; Mother est tout cela à la fois ou plutôt tout cela tour à tour. L’humour y est tranchant, vif, en nette opposition avec le personnage de Do-Joon si nonchalant. Lorsque le suspense prend le relais, il est traité façon roman noir. Et ce jusqu’à la fin du film où se mêlent un dénouement à la Hitchcock et une ouverture aérienne, le brin de folie qui remet tout le reste en perspective et permet de prendre de la distance, enfin, avec les personnages.
Cette alternance des facettes est ce qui fait la force et la puissance du film, en nous entrainant au plus près des personnages, au fond de leur histoire. Mais c’est également ce qui en fait la faiblesse. Car justement, ces personnages sont déroutants, peu attachants et assez rêches. Impossible pour ma part d’apprécier cette figure maternelle tentaculaire, vampirique, qui s’est approprié son fils, sur tous les plans. Difficile de passer outre son aspect coriace et possessif ; cette femme fait peur autant qu’elle intrigue, mais jamais elle n’attendrit.
Quant à Do-Joon, trop simple pour réagir, trop mou, trop immature, il se laisse bringuebaler par la vie, par sa mère, par ses amis. C’est pathologique, certes, et on devrait se prendre d’affection pour ce grand dadais un peu bêta. Mais non, c’est trop.
Reste un film avec de nombreuses qualités, notamment visuelles, et l’originalité de son thème. Un film qui sort des cases et ne correspond à aucune description. Reste aussi un profond sentiment de malaise après avoir vu les aventure de cette mère, et de celui qu’elle ne considère probablement pas exactement comme son fils.
★★☆☆☆
Mother, de Joon-Ho Bong (sortie le 27 janvier 2010)
Avec Won Bin, Kim Hye-Ja - Corée - 2h10
En bref :
“ Film à tiroirs, faux semblants et doubles fil de lecture. L’enquête est un prétexte:c'est une chronique sociale sur la Corée d’aujourd’hui. ”
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