Des petits bouts d'éternité

Le thème est fascinant : l'impact de la manipulation sectaire lors d'une tentative de retour au quotidien. Porté par une interprétation formidable, le film n'offre malheureusement pas assez de progression à ses beaux personnages pour dépasser le stade du film de genre. On reste sur sa faim et c'est dommage.

♥♥

Martha Marcy May Marlene, Sean Durkin (sortie le 29 février 2012)

Avec Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sarah Paulson - USA - 1h41

Synopsis

Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale. Elle cherche de l’aide auprès de sa sœur aînée, Lucy, et de son beau-frère avec qui elle n’avait plus de contacts, mais elle est incapable de leur avouer la vérité sur sa longue disparition. Martha est persuadée que son ancienne secte la pourchasse toujours. Les souvenirs qui la hantent se transforment alors en effrayante paranoïa et la frontière entre réalité et illusion se brouille peu à peu...

Là où Intouchable s'arrêtait au sketch, Hasta la vista raconte l'histoire en entier, sans rien éluder. Et c'est frais, drôle et émouvant, sur des sujets dont on parle peu (sexualité et handicap). Certes c'est bourré de défauts, notamment dans la construction, simpliste, mais on pardonne tellement à un film sincère. Une autre bonne surprise belge !

♥♥♥

Hasta La Vista, Geoffrey Enthoven (sortie le 7 mars 2012)

Avec Robrecht Vanden Thoren, Johan Heldenbergh, Gilles De Schrijver - Belgique - 1h53

Synopsis

Trois jeunes d’une vingtaine d’années aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Sous prétexte d’une route des vins, ils embarquent pour un voyage en Espagne dans l’espoir d’avoir leur première expérience sexuelle. Rien ne les arrêtera… Pas même leurs handicaps : l'un est aveugle, l'autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé.

Bellflower est un OVNI !

Un 1er film qui surprend en permanence et parvient, malgré pas mal de défauts (dont la fin, un peu bâclée) à proposer quelque chose de vraiment neuf sur un thème qui ne l'est vraiment pas.

Entre romance et portrait d'une génération paumée, c'est l'un des plus beaux films sur ce sentiment de "No future", qu'il illustre à merveille.

Pré-apocalytique ? La fin du monde n'est pas toujours là où on l'attend !

★★★★☆

Bellflower, Evan Glodell (sortie le 21 mars 2012)

Avec Evan Glodell, Jessie Wiseman, Tyler Dawson - USA - 1h46

Synopsis

Woodrow et Aiden, deux amis un peu perdus et qui ne croient plus en rien, concentrent leur énergie à la confection d’un lance-flammes et d’une voiture de guerre, qu’ils nomment "la Medusa". Ils sont persuadés que l’apocalypse est proche, et s’arment pour réaliser leur fantasme de domination d’un monde en ruine. Jusqu’à ce que Woodrow rencontre une fille… Ce qui va changer le cours de leur histoire, pour le meilleur et pour le pire.

Film fourre-tout qui ne ressemble à rien (ou plutôt, qui ressemble à TOUT : polar, gangsters, espionnage, mercenaires, allocation adulte handicapé, flic à chien, nouvelle identité, snipers, trafic d'armes, dépression, Ford... la CLASSE quoi !), dans A l'Aveugle il n'y a même pas le début d'un effort pour que "l'intrigue" se tienne.

Finalement c'est surtout une Bessonnade (au scénar et à la prod) inutile de plus, preuve qu'avec une montagne de thune on peut toujours produire de la merde !

Merci Luc...

Le cadavre mutilé d’une jeune femme est retrouvé à son domicile. Pas d’effraction, pas de témoin : le crime est parfait. L’enquête est confiée au commandant Lassalle, un flic expérimenté et solitaire, détruit par la mort de sa femme. Alors que d’autres meurtres tout aussi sanglants sont perpétrés, Lassalle est intrigué par la personnalité d’un aveugle, Narvik. Mais l’alibi du suspect est plausible et son infirmité le met hors de cause. Un étrange duel, telle une partie d’échecs, s’engage alors entre les deux hommes.

Albert Nobbs c'est un petit film gentillet plutôt bien construit, mais sans grand intérêt ni envergure.

Son principal avantage étant de faire découvrir hors de Londres (le film est l'adaptation d'une pièce de théâtre) la formidable prestation de Glenn Close qui réussit le tour de force, dès les premières secondes, de faire exister Albert et oublier Glenn !

♥♥

Albert Nobbs, Rodrigo Garcia (sortie le 22 février 2012)

Avec Glenn Close, Mia Wasikowska , Aaron Taylor-Johnson - GB - 1h58

Synopsis

Au XIXème siècle, dans l’Irlande en proie à de terribles difficultés économiques, une femme se fait passer pour un homme afin de pouvoir travailler. Pendant trente ans, elle trompe son entourage, employée dans un hôtel sous le nom d’Albert Nobbs, en tant que majordome.

Film brut et puissant, Bullhead dresse avec énormément de finesse le tableau d'un milieu de contrebande rurale, mais surtout le portrait d'une enfance, de rêves perdus.

Bullhead est une tragédie, une vraie, portée par un acteur formidable, véritable révélation dans ce rôle de colosse aux pieds d'argiles qui se désagrège sous nos yeux.

♥♥♥♥

Bullhead (Rundskop), Michael R. Roskam (sortie le 22 février 2012)

Avec Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy - Belgique - 2h09

Synopsis

Jacky est issu d'une importante famille d'agriculteurs et d'engraisseurs du sud du Limbourg. A 33 ans, il apparaît comme un être renfermé et imprévisible, parfois violent… Grâce à sa collaboration avec un vétérinaire corrompu, Jacky s’est forgé une belle place dans le milieu de la mafia des hormones. Alors qu’il est en passe de conclure un marché exclusif avec le plus puissant des trafiquants d'hormones de Flandre occidentale, un agent fédéral est assassiné. C’est le branle-bas de combat parmi les policiers. Les choses se compliquent pour Jacky et tandis que l’étau se resserre autour de lui, tout son passé, et ses lourds secrets, ressurgissent…

Mélodrame larmoyant (ah ça oui, ça larmoie !!) et surfait, "Extrêmement fort..." est sans doute une bien belle histoire sur le papier, mais elle se transforme en soupe sirupeuse et écoeurante à force de bons sentiments.

Le manque de recul évident (syndrome des films post 11/09) et le jeune acteur à qui on a rapidement envie de faire bouffer son tambourin transforment ce conte triste en une insupportable démonstration de mièvrerie. Masterpiece !! 

★☆☆☆☆

Extrêmement fort et incroyablement près (Extremely Loud And Incredibly Close), Stephen Daldry (sortie le 29 février 2012)

Avec Tom Hanks, Thomas Horn, Sandra Bullock, Max Von Sydow - USA - 2h08

Synopsis

Oskar Schell, 11 ans, est un jeune New-Yorkais à l'imagination débordante. Un an après la mort de son père dans les attentats du World Trade Center, le "jour le plus noir", selon l'adolescent, il découvre une clé dans les affaires du défunt. Déterminé à maintenir un lien avec l'homme qui lui a appris à surmonter ses plus grandes angoisses, il se met en tête de trouver la serrure qui correspond à la mystérieuse clé. Tandis qu'il sillonne la ville pour résoudre l'énigme, il croise toutes sortes d'individus qui, chacun à leur façon, sont des survivants. Chemin faisant, il découvre aussi des liens insoupçonnés avec son père qui lui manque terriblement et avec sa mère qui semble si loin de lui, mais aussi avec le monde déconcertant et périlleux qui l'entoure...

Chronicle est un film frais et inventif qui parvient à se réapproprier des codes devenus classiques (cross-over entre film de super héros et caméra subjective). Ou comment se prendre un bon coup de vieux ET rajeunir en même temps !

A voir malgré une fin un peu... too much !

♥♥

Chronicle, Josh Trank (sortie le 22 février 2012)

Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan - USA - 1h24

Synopsis

Après avoir été en contact avec une mystérieuse substance, trois lycéens se découvrent des super-pouvoirs. La chronique de leur vie qu’ils tenaient sur les réseaux sociaux n’a désormais plus rien d’ordinaire…
D’abord tentés d’utiliser leurs nouveaux pouvoirs pour jouer des tours à leurs proches, ils vont vite prendre la mesure de ce qui leur est possible. Leurs fabuleuses aptitudes les entraînent chaque jour un peu plus au-delà de tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Leur sentiment de puissance et d’immortalité va rapidement les pousser à s’interroger sur les limites qu’ils doivent s’imposer… ou pas !

La Taupe, c'est un film d'ambiance particulièrement réussi, notamment grâce à la musique, les décors et acteurs savamment mis en scènes. Mais il est desservi par une intrigue trop complexe dont on ne se rend compte qu'à la fin qu'elle n'a, en fait, aucune importance...

★★☆☆☆

La Taupe, Tomas Alfredson (sortie le 8 février 2012)

Avec  Gary Oldman, Mark Strong, John Hurt, Toby Jones, Colin Firth - GB - 2h07

Synopsis

1973. La guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont, comme ceux des autres pays, en alerte maximum. Suite à une mission ratée en Hongrie, le patron du MI6 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley.
Pourtant, Smiley est bientôt secrètement réengagé sur l’injonction du gouvernement, qui craint que le service n’ait été infiltré par un agent double soviétique. Epaulé par le jeune agent Peter Guillam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais il est bientôt rattrapé par ses anciens liens avec un redoutable espion russe, Karla. Alors que l’identité de la taupe reste une énigme, Ricki Tarr, un agent de terrain en mission d’infiltration en Turquie, tombe amoureux d’une femme mariée, Irina, qui prétend posséder des informations cruciales. Parallèlement, Smiley apprend que son ancien chef a réduit la liste des suspects à cinq noms : l’ambitieux Percy Alleline, Bill Haydon, le charmeur, Roy Bland, qui jusqu’ici, a toujours fait preuve de loyauté, le très zélé Toby Esterhase… et Smiley lui-même.
Dans un climat de suspicion, de manipulation et de chasse à l’homme, tous se retrouvent à jouer un jeu dangereux qui peut leur coûter la vie et précipiter le monde dans le chaos. Les réponses se cachent au-delà des limites de chacun…

La Dame de Fer est un film raté qui passe complètement à côté de son sujet !

Car pour traiter de mémoire et de vieillesse, mais si peu de réalisme politique (alors que la vie de Thatcher s'y prêtait tellement et qu'il y avait tant à dire!), pourquoi ne pas avoir créé un personnage fictif plutôt que broder sur Thatcher ??

Cette intrusion romancée et déplacée dans on intimité m'a profondément choquée !

★☆☆☆☆

[uniquement pour Meryl Streep, qui mérite son Oscar]

La Dame de Fer (The Iron Lady), Phyllida Lloyd (sortie le 15 février 2012)

Avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Susan Brown - GB - 1h44

Synopsis

Margaret Thatcher, première et unique femme Premier ministre du Royaume-Uni (de 1979 à 1990), autrefois capable de diriger le royaume d’une main de fer, vit désormais paisiblement sa retraite imposée à Londres. Agée de plus de 80 ans, elle est rattrapée par les souvenirs. De l’épicerie familiale à l’arrivée au 10 Downing Street, de succès en échecs politiques, de sacrifices consentis en trahisons subies, elle a exercé le pouvoir avec le soutien constant de son mari Denis aujourd’hui disparu, et a réussi à se faire respecter en abolissant toutes les barrières liées à son sexe et à son rang. Entre passé et présent, ce parcours intime est un nouveau combat pour cette femme aussi bien adulée que détestée.